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Etat lituanien : du passé vers l'avenir
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 Le Sąjūdis 1988–1990

 

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La préhistoire du Sąjūdis  

Dans la seconde moitié des années 80 a eu lieu en Union soviétique un changement de la direction suprême du Parti communiste, Mikhaïl Gorbatchev a été élu le 11 mars 1985 au poste de Secrétaire général du PCUS. L’inefficacité de plus en plus évidente du système économique a inévitablement incité les autorités soviétiques à faire la réforme de la Perestroïka (restructuration). La Perestroïka a assurément encouragé non seulement des changements dans le système politique, mais aussi la transformation de la société. La Perestroïka a été accompagnée de slogans retentissants : glasnost (transparence) et démocratisation. 

Le premier meeting public non autorisé pendant l’époque soviétique en Lituanie, qui a été organisé le 23 août 1987 par la Ligue pour la Liberté de la Lituanie (ci-après « LLL ») devant la statue de A. Mickiewicz à Vilnius, a montré l’affaiblissement du fonctionnement des structures du pouvoir soviétique. Bien que les organisateurs du meeting aient subi des interrogatoires et des persécutions, ils n’ont pas été arrêtés et il n’y a pas eu de poursuites pénales. Le meeting est devenu un tournant dans la conscience des gens[1]. 

Malgré une stagnation politique en Lituanie, l’intelligentsia scientifique et artistique lituanienne a cherché à utiliser la perestroïka et régler les problèmes de pollution de l’environnement et de destruction du patrimoine culturel. Des mouvements informels pour la protection de l’environnement et du patrimoine se sont spontanément créés. En 1986, par leurs efforts les intellectuels lituaniens ont cherché à arrêter la destruction, sur ordre des autorités soviétiques, de la maison au numéro 6 de la rue Tilto, pour la remplacer par un parking. Des architectes, des peintres, des historiens, des écrivains et des compositeurs ont protesté contre la destruction de cette maison sous différentes formes : lettres, pétitions aux autorités soviétiques et aux rédactions des journaux, piquets. La photo et les négatifs de Jonas Česnavičius montrent cet événement : une maison en cours de destruction sans toit ni fenêtres, des manifestants,[2] le drapeau tricolore lituanien flottant, les inscriptions : « Sauvegardons ce qui est unique », « Pourquoi détruire ici ? », « Le 6 rue Tilto est-il l’avenir de la vieille ville ? »[3]. Cette action est devenue le symbole de la résistance contre la destruction effrénée de la vieille ville de Vilnius qui s’est terminé par la victoire des protestataires. Fin 1987, tenant compte des demandes de la société, les anciens noms ont été restitués à certaines rues de la vieille ville sur décision du Comité exécutif de Vilnius[4]. 

En mars 1987 s’est créé le club de sauvegarde des monuments « Talka » qui organisait des discussions sur les biens culturels et leur sauvegarde, et organisait des actions d’arrangement. Immortalisés sur les négatifs d’Algirdas Sabaliauskas, les participants à l’action d’arrangement du Château inférieur de Vilnius[5], habillés en vêtements de travail, ont mis en ordre les sous-sols du Château inférieur de Vilnius. 

La pollution importante de la nature, la construction du troisième bloc de la centrale nucléaire d’Ignalina et les forages pétroliers prévus dans la lagune de Courlande ont incité à se regrouper dans des clubs pour la protection de l’environnement : le club de l’écologie de Vilnius « Žemyna » et « Atgaja » à Kaunas. Ces clubs organisaient des actions et discussions publiques. En 1987, à l’initiative du géographe et ethnographe local prof. Česlovas Kudaba, a été créée la Fondation de la culture de Lituanie qui a contribué à la sauvegarde des églises St Nicolas, Ste Gertrude, des Bernardins et St George, fait des travaux dans la galerie Mikalojus Konstantinas Čiurlionis, érigé un monument pour les pilotes Steponas Darius et Stasys Girėnas qui ont traversé l’Atlantique, et financé la « Marche du Rock » à travers la Lituanie[6]. Les thèmes de l’écologie, de la destruction de la culture et des « taches blanches de l’histoire » étaient discutés dans le « Club des philosophes », créé en 1987. 

À l’approche du 16 février 1988 (70e anniversaire de la restauration de l’État), les autorités soviétiques ont tenté par tous les moyens possibles de nier l’importance de cette date historique. En réponse à la réaction des autorités soviétiques, le philosophe Arvydas Juozaitis a fait le 20 avril à l’Union des peintres une conférence sur « La culture politique et la Lituanie », où il soulignait qu’une culture politique est impossible sans conscience rationnelle, sens commun et souveraineté, et où il présentait des exemples historiques en se fondant sur la renaissance nationale lituanienne de la fin du XIXe siècle.  

Le 13 avril 1988 a été créé en Estonie le Front populaire (Rahvarinne) qui a également encouragé la société lituanienne à se regrouper dans un mouvement. En mai 1988, a eu lieu à l’Académie des sciences de Lituanie une rencontre du public avec des économistes de l’Académie des sciences d’Estonie : l’académicien Mikhaïl Bronstein et le chargé de recherche senior Ivar Raig. Lors de la rencontre, les invités ont raconté comment était né le Front populaire d’Estonie et ils ont informé sur son programme et ses missions[7]. 

La décision du 28 mai 1988 du pape Jean-Paul II d’élever au rang de cardinal le président de la Conférence des évêques de Lituanie Vincentas Sladkevičius a été un soutien moral au peuple lituanien. 

À la veille de la fondation du « Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdis », a eu lieu au Palais des scientifiques la discussion « Vaincrons-nous la bureaucratie ? ». Les photos et les négatifs de J. Česnavičius et A. Sabaliauskas montre de nombreux  intellectuels réunis[8], de jeunes scientifiques,[9] et les orateurs suivants : les économistes Kazimieras Antanavičius et Kazimira Danutė Prunskienė, les philosophes Bronislovas Juozas Kuzmickas, Jokūbas Minkevičius et Romualdas Ozolas, le mathématicien Saulius Lapienis, le physicien Zigmas Vaišvila, la journaliste Auksė Aukštikalnienė, l’architecte Artūras Skučas[10]. Sur l’enregistrement sonore de cette discussion,[11] K. Antanavičius se prononce pour la souveraineté économique de la république, A. Aukštikalnienė parle de la suppression des privilèges des bureaucrates, R. Ozolas met l’accent sur une réorganisation fondamentale et l’importance de la création du groupe d’initiative du front populaire / Sąjūdis. J. Minkevičius rappelle que le groupe sera constitué le 3 juin à l’Académie des sciences. Z. Vaišvila exprime sa préoccupation au sujet de la construction du troisième bloc de la centrale nucléaire d’Ignalina et de la pollution importante de l’environnement.  

 

Le Sąjūdis : de la naissance au Congrès constituant  

Une réunion des représentants des instituts et de la société s’est tenue le 3 juin 1988 dans la salle de l’Académie des sciences. Environ 500 personnes étaient présentes. Le thème officiel de la réunion était « Examen du projet de Constitution de la RSS de Lituanie ». Plusieurs participants connaissaient déjà à l’avance l’intention d’élire un groupe d’initiative. Le 3 juin 1988, les intervenants s’écartent en permanence du thème officiel de la réunion, son président E. Vilkas appelle à mettre un terme à l’événement. La journaliste A. Aukštikalnienė rappelle à l’assistance les victimes du stalinisme et appelle à publier les documents des archives de la sécurité d’État (KGB) de la RSS de Lituanie pour les années 1940-1941[12]. A. Skučas propose d’appeler le mouvement « Persitvarkymo Sąjūdis » (Mouvement réformateur) (LPS) et demande aux participants qui soutiennent le Sąjūdis de donner leurs coordonnées, Vytautas Landsbergis souligne la représentativité de cette réunion pour la société et la volonté de l’assistance de mettre en place des changements. En réaction à la proposition de E. Vilkas de mettre fin à la réunion, Z. Vaišvila se prononce pour l’élection du groupe d’initiative. Les noms de candidats pour le groupe d’initiative sont spontanément proposés depuis la salle, les participants à la réunion expriment leur approbation par des applaudissements. 35[13] membres ont été élus au Groupe d’initiative du Sąjūdis : le comédien Regimantas Adomaitis, l’écrivain Vytautas Bubnys, le juriste Juozas Bulavas, l’économiste Antanas Buračas, le traducteur Virgilijus Juozas Čepaitis, le journaliste Algimantas Čekuolis, le peintre Vaclovas Daunoras, le poète Sigitas Geda, le philosophe Bronislovas Genzelis, l’économiste et philosophe Arvydas Juozaitis, le compositeur Julius Juzeliūnas, le géographe Česlovas Kudaba, l’architecte Algirdas Kaušpėdas, le philosophe Bronislovas Juozas Kuzmickas, le musicologue Vytautas Landsbergis, le peintre Bronius Leonavičius, la spécialiste en éducation et littérature Julija Meilė Lukšienė, le poète Alfonsas Maldonis, le poète Justinas Marcinkevičius, l’économiste Alvydas Medalinskas, le philosophe Jokūbas Minkevičius, l’architecte Algimantas Nasvytis, le philosophe Romualdas Ozolas, l’écologue Romas Pakalnis, l’économiste Saulius Pečiulis, l’écrivain Vytautas Petkevičius, l’économiste Kazimira Danutė Prunskienė, le philosophe Vytautas Radžvilas, l’économiste Raimundas Leonas Rajeckas, l’architecte Artūras Antanas Skučas, le médecin Gintaras Songaila, le peintre Arvydas Šaltenis, le journaliste Vitas Tomkus, le physicien Zigmas Vaišvila, le réalisateur Arūnas Vytautas Žebriūnas (enregistrement sonore des archives personnelles d’Angonita Rupšytė). Les participants dans la salle bondée de l’Académie des sciences sont visibles sur la photo de J. Česnavičius.  

N’ayant pas ses propres locaux, le Groupe d’initiative du LPS se réunissait à différents endroits : l’Union des cinéastes, l’Union des écrivains, l’Institut de physique. Les documents du LPS étaient signés « Au nom du Groupe d’initiative ». Le 8 juin 1988, lors d’une réunion du Groupe d’initiative du Sąjūdis dans les locaux du club « Talka », des commissions ont été créées : écologique (R. Pakalnis, Z. Vaišvila), nationale (V. J. Čepaitis, A. Žebriūnas), sociale (B. Genzelis, R. Ozolas), économique (A. Buračas, K. D. Prunskienė), culturelle (V. Bubnys, V. Landsbergis), juridique (J. Bulavas, V. Tomkus). Le chef du Service des sciences et des établissements d’enseignement du comité central du Parti communiste lituanien (CCPCL) Stasys Imbrasas est venu à cette réunion, mais le Groupe d’initiative lui a demandé de partir. Les commissions ont préparé de courts programmes des différents domaines du Sąjūdis, proposant la suppression des privilèges des employés de la nomenklatura et des « taches blanches » dans le patrimoine culturel, la reconnaissance du lituanien comme langue officielle, la restitution de l’histoire nationale, l’introduction de la question de l’autonomie locale économique et politique, la présentation régulière d’information sur la pollution de l’eau, de l’air et de la terre[14]. Ces propositions ont été présentées le 13 juin à la sociéé. 

Les autorités de l’époque ont essayé de contrôler le Sąjūdis et d’imposer sa direction. Le 17 juin 1988, lors d’une réunion initiée par le CCPCL avec le Groupe d’initiative du Sąjūdis, il a proposé des commissions analogues à celles déjà créées par le Sąjūdis. Le Sąjūdis a rejeté cette proposition. Lors d’une rencontre avec le premier Secrétaire du CCPCL R. Songaila le 23 juin, les membres du Groupe d’initiative ont exigé la reconnaissance du Sąjūdis et la proclamation du lituanien comme langue officielle. En raison du blocage de l’information sur le Sąjūdis et d’une déformation des faits, on a commencé à publier le 19 juin le premier journal indépendant « Sąjūdžio žinios » (Nouvelles du Sąjūdis), où étaient imprimés les documents et le projet du Sąjūdis, les déclarations, les discours, les lettres des gens et les informations sur les événements organisés. A. Skučas a été le rédacteur jusqu’au huitième numéro de « Sąjūdžio žinios », puis le LPS a nommé A. Juozaitis comme rédacteur.  

En souvenir des déportations de 1941, le Groupe d’initiative a organisé le 14 juin 1988 une commémoration à l’Institut de recherche en économie agricole. Les photos de J. Česnavičius ont immortalisé l’ancien partisan et membre de la LLL Leonas Laurinskas (pseudonyme : Liūtas), qui a hissé sur la place Gediminas, lors de l’événement organisé le même soir par la LLL, le drapeau tricolore, interdit par les autorités soviétiques[15], ainsi que les orateurs et les participants. Quelques membres du Groupe d’initiative ont aussi participé à l’événement de la LLL. 

La diffusion des idées du Sąjūdis avait lieu dans les meetings et différentes actions du Sąjūdis, où étaient énoncés les problèmes actuels de l’époque concernant l’écologie, de destruction du patrimoine culturel, la langue lituanienne, les symboles lituaniens, la restitution des noms des rues, la révélation des « taches blanches de l’histoire », etc. Des actions de protestation avaient aussi lieu spontanément à l’initiative de personnes actives. Une des premières actions de protestation a concerné la destruction des fondations de l’église de Vytautas à Trakai. L’initiateur de cette action a été l’employé de la base d’aviron de Trakai Romualdas Lankas. L’action de protestation a eu lieu le 21 juin 1988 devant le Soviet Suprême de la RSS de Lituanie. Elle n’était pas autorisée selon les lois de l’époque, elle n’avait pas reçu d’autorisation. Environ 500 personnes y ont participé, en majorité le personnel des instituts situés dans la rue Goštauto ainsi que des employés et des étudiants de la Faculté de physique de l’Université de Vilnius. On a informé de l’action par téléphone. Les membres suivants du Groupe d’initiative du Sąjūdis ont participé : A. Juozaitis, A. Skučas, G. Songaila. Après l’action de protestation, la destruction des fondations de l’église de Vytautas a été arrêtée.  

Suivant l’exemple du Front populaire d’Estonie, le Sąjūdis a organisé son premier meeting de masse le 24 juin 1988 sur la place Gediminas pour rencontrer les délégués avant leur départ pour la XIXe Conférence du PCUS. Une autorisation a été obtenue, et les délégués ont été invités au meeting. La majorité du Groupe d’initiative du Sąjūdis pensaient que les promesses faites devant le peuple auraient un impact significatif et à long terme. Environ 20 000 personnes[16] y ont participé, elles tenaient des pancartes qu’elles avaient faites elles-mêmes et des « brassards verts » maintenaient l’ordre avec sur le bras un brassard vert avec les colonnes de Gediminas[17]. Lors du meeting, les objectifs du Sąjūdis ont été présentés, et les exigences formulées pour les délégués [18]: la souveraineté économique, politique et culturelle des républiques soviétiques, l’introduction de la citoyenneté lituaniennes, la proclamation de la langue lituanienne comme langue officielle, l’assurance de garanties juridiques de démocratisation du parti, la formation d’une école nationale, la création d’une Cour constitutionnelle. Dans son discours, V. Landsbergis a formulé la ligne de coopération du Sąjūdis avec le PCL, en affirmant que si les délégués désignés reviennent de Moscou en ayant adopté des décisions bonnes pour le peuple lituanien  nous dirons que ce sont nos délégués, et si des décisions mauvaises pour le peuple et la Lituanie sont adoptées (et si ces délégués votent pour) nous dirons que ces délégués là-bas n’étaient pas les nôtres[19]. Les membres du Groupe d’initiative du Sąjūdis ont parlé de la construction du troisième bloc de la centrale nucléaire d’Ignalina, l’unité des Lituaniens et leur confiance mutuelle. Le secrétaire du CCPCL A. M. Brazauskas a annoncé à la fin du meeting la préparation d’un projet pour déclarer le lituanien langue officielle de la RSS de Lituanie, l’arrêt du financement de la construction du troisième bloc d’Ignalina et le renoncement à l’extraction du pétrole[20]. Les photos de J. Česnavičius montrent des instants du meeting : une foule de milliers de personnes[21], les membres du Groupe d’initiative du Sąjūdis, une partie des délégués partants à la XIXe Conférence du PCUS, quelques drapeaux tricolores, des pancartes « Vous avez été nommés par le CC, vous en répondrez devant la Lituanie », « Une tribune pour le mouvement réformateur Sąjūdis ! », « Une Lituanie libre dans la famille des Nations européennes », ainsi que des portraits de M. Gorbatchev.  

En réaction au blocus de l’information sur le Sąjūdis, les membres du Groupe d’initiative ont organisé le 29 juin 1988 un piquet non autorisé devant le bâtiment de l’Agence de presse lituanienne (ELTA). Lors du piquet, a été lu une déclaration du Sąjūdis pour ELTA sur le blocus de l’information concernant les meetings organisés par le Sąjūdis, des exemplaires de « Sąjūdžio žinios » ont été distribués et on a informé sur le meeting du Sąjūdis du 9 juillet. Les représentants d’ELTA ont promis aux participants de présenter de manière plus objective l’information. Les photos de J. Česnavičius montrent les participants au piquet, les orateurs et les pancartes : « Une tribune pour le Sąjūdis », « ELTA, réorganise-toi !“ [22]. 

Les scénarios et les questions organisationnelles du futur meeting du Sąjūdis ont été discutés à la réunion des membres du Groupe d’initiative du Sąjūdis le 29 juin. Le Sąjūdis a obtenu des autorités une autorisation pour organiser le meeting. L’enregistrement sonore présente les interventions des membres du Groupe d’initiative du Sąjūdis sur les orateurs du meeting, la collecte des signatures pour l’acquittement d’Artūras Sakalauskas (qui a servi dans l’armée soviétique), le sondage sociologique et l’organisation des invitations au meeting. Malgré les promesses des représentants d’ELTA aux participants du piquet, la presse a continué à ne pas informer le public sur le meeting du Sąjūdis. Les gens ont été invités au meeting par téléphone, en se promenant dans les rues avec une pancarte, en collant l’information sur les poteaux et en annonçant l’événement dans « Sąjūdžio žinios ». 

Le 9 juillet, environ 100 000[23] personnes de nombreuses villes et régions de Lituanie se sont rassemblées au meeting du Sąjūdis dans le parc Vingis. Le Groupe d’initiative du Sąjūdis avait décidé que ce jour-là il fallait légaliser juridiquement le drapeau tricolore[24]. Il a été décidé lors du meeting, sous le toit de l’estrade du parc Vingis, à côté de l’emblème du « Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdis 1988 » avec les colonnes de Gediminas, de suspendre un grand drapeau tricolore. En réaction à la demande du Sąjūdis de légaliser le drapeau tricolore, les autorités ont décidé de le légaliser et A. M. Brazauskas l’a annoncé lors du meeting.[25] La majorité des membres du Groupe d’initiative du Sąjūdis ont fait des discours ainsi que M. Tarmak, invité d’Estonie, qui a lu en lituanien les félicitations du Front populaire d’Estonie au Sąjūdis et souligné la solidarité entre les peuples lituanien et estonien[26]. R. Ozolas a présenté pour la première fois aux participants au meeting le projet de programme du Sąjūdis, V. Landsbergis a souligné les efforts des peuples vivant en Lituanie de cohabiter pacifiquement, S. Geda a mis l’accent sur la nécessité de sauvegarder les coutumes, les traditions et le patrimoine culturel, et il a souligné que la Lituanie devait être un État souverain parmi les autres États souverains[27], A. Juozaitis a appelé à boycotter le journal du CCPCL « Tiesa » (« La Vérité »), Z. Vaišvila a informé des problèmes écologiques, K. Prunskienė a parlé de l’autonomie économique. Une résolution exigeant l’organisation d’un référendum au Haut-Karabagh a été adoptée à l’unanimité. À la fin du meeting, des milliers de personnes ont chanté le « Chant national » de V. Kudirka, dont le texte leur avait été distribué. Les « brassards verts » maintenaient l’ordre, les gens ont fait des dons au Sąjūdis. Sur les négatifs et les diapositives de Vytautas Daraškevičius, Bronius Kašelionis et A. Sabaliauskas, sont immortalisées une foule de milliers de personnes[28] et les pancartes : « Non au nationalisme ! Oui à la souveraineté ! », « Le Sąjūdis, c’est la volonté et l’espoir du peuple » « Songaila est la honte du peuple », « À bas les privilèges des fonctionnaires », « Pour notre et votre liberté » (en lituanien et en russes)[29], « Une moitié de vérité = une forme de mensonge ». 

Les meetings du Sąjūdis à Vilnius ont eu une grande influence sur la création de groupes d’initiative et de groupes de soutien du Sąjūdis dans les régions et les villes. Après le 9 juillet, des groupes d’initiative du Sąjūdis ont commencé à être créés dans les villes et les régions. Le 10 juin 1988, un Groupe d’initiative du Sąjūdis a été créé à Kaunas, le 11 juillet à Vievis (région de Trakai), le 12 juillet à Vilkaviškis et le 14 juillet à Alytus[30]. Le centre national de coordination du Sąjūdis a appelé dès le mois de juillet à enregistrer les groupes constitués de soutien au Sąjūdis. Le conseil de coordination de Vilnius, institué en juillet, coordonnait l’activité des groupes de soutien du Sąjūdis à Vilnius[31], et le 15 septembre 1988 ont été élus le conseil et l’exécutif du Sąjūdis de Vilnius[32]. Les membres du Groupe d’initiative LPS ont été invités aux premiers meetings des villes et des régions. Un des premiers meetings du Sąjūdis dans les régions à eu lieu le 13 juillet à Kapsukas (auj. Marijampolė) dans le stade de l’école secondaire Jonas Jablonskis (auj. lycée Jonas de Rygiškės), où le programme d’action du Sąjūdis a été présenté, on s’est prononcé pour la restitution du nom de la ville de Marijampolė et le service militaire des jeunes en Lituanie, et on a reproché aux autorités la destruction du patrimoine culturel[33]. Les photos et les négatifs, conservés dans les archives personnels de Vitalis Mozūraitis, Romas Rusteika et Paulius Uleckas, montrent des milliers de personnes avec des drapeaux tricolores[34], des colonnes de Gediminas, le Vytis et les pancartes : « La restructuration est la renaissance de la Nation » « Marijampolė à Kapsukas »[35], « Les anciens noms aux rues »[36], « Habitants de Suvalkija, faisons une nouvelle fois sonner la cloche de la Renaissance », « Nous sommes pour M. Gorbatchev ! », et une collecte de signatures pour la restitution du nom de Marijampolė[37]. 

Protestant contre la construction du troisième bloc de la centrale nucléaire d’Ignalina et la pollution de la nature, le Sąjūdis a organisé le 15 juillet un meeting non autorisé devant le Soviet suprême de la RSS de Lituanie, puis l’excursion cycliste « La Lituanie est ma maison » avec  le club écologique « Žemyna » du 20 juillet au 2 août sur l’itinéraire Vilnius-Švenčionys-Ignalina-Sniečkus (auj.Visaginas)-Utena-Ukmergė-Jonava-Kėdainiai-Dotnuva-Šiauliai-Varniai-Plungė-Kretinga-Palanga-Klaipėda. Lors de l’excursion ont été collectées des signatures sur une lettre au Premier ministre du Conseil des ministres de l’URSS Nikolaï Ryjkov[38] pour l’arrêt de la construction du troisième bloc de la centrale nucléaire d’Ignalina. 24 meetings ont été organisés, pendant lesquels les objectifs du Sąjūdis ont été présentés et on a appelé à la création de groupes de soutien. La protestation écologique, organisé par le club « Atgaja » de Kaunas le 28 juillet, a permis de diffuser les idées du Sąjūdis et de rendre public les problèmes de pollution de la nature. Sur une photo, conservée dans les archives personnelles de Vidmantas Valiušaitis, rédacteur du quotidien « Kauno aidas » (« Écho de Kaunas »), on voit les participants à la protestation écologique en canoë et sur des radeaux ainsi que la pancarte « Frère Lituanien, pourquoi tu te laisses empoisonner ! »[39]. 

La deuxième tournée de concerts de la Marche du Rock en Lituanie, qui a eu lieu en juillet-août, a propagé les idées du Sąjūdis pour la jeunesse : Biržai, Šiauliai, Mažeikiai, Tauragė, Kėdainiai, Klaipėda, Kaunas et Vilnius,. Des foules ont été attirées aux concerts de la Marche du Rock par le groupe de rock « Antis », le groupe de Šiauliai « Bix », le groupe folklorique « Namo », le groupe punk de Vilnius « Už Tėvynę », dont le refrain « La Lituanie c’est la force » est devenu le principal slogan de la Marche du Rock[40]. Lors des concerts, A. Juozaitis, membre du Groupe d’initiative du Sąjūdis, prenait la parole, et les jeunes scandaient : « Lituanie ! » « Lettonie ! » « Estonie ! ». La photo de A. Sabaliauskas montre le concert final de la Marche du Rock le 7 août au parc Kalnų à Vilnius : des drapeaux de la Lituanie, de la Lettonie et de l’Estonie sont hissés au-dessus de l’estrade, le groupe « Antis » et son leader A. Kaušpėdas jouent sur scène[41]. Sous l’influence de la propagation des idées du Sąjūdis, des groupes d’initiative se sont formés le 25 juillet à Ariogala, le 26 juillet à Šiauliai, le 28 juillet à Panevėžys, et fin juillet à Pasvalys et Varėna[42].  

À la différence du Sąjūdis, la LLL s’est ouvertement prononcée pour le rétablissement de l’indépendance de la Lituanie. Lors de la commémoration du traité de 920 entre la Lituanie et la Russie soviétique, selon lequel la Russie soviétique reconnaissait l’indépendance de la Lituanie[43], la LLL a organisé le 12 juillet une commémoration non autorisée par les autorités soviétiques sur la place Gediminas. Selon les ordres des autorités soviétiques, les miliciens ont encerclé la place Gediminas, mais les affrontements ont été évités. Le Sąjūdis, comprenant la possibilité d’un usage de la force par les autorités soviétiques contre les manifestants, a adopté une déclaration sur l’interdiction des manifestations, en les nommant comme anticonstitutionnelles[44]. Le 26 juillet, lors d’un meeting non autorisé devant le Soviet suprême de la RSS de Lituanie, le Sąjūdis a protesté contre le projet du pouvoir d’adopter une ordonnance limitant la liberté des meetings, des rassemblements et des manifestations. En réaction à cette position du Sąjūdis, le quotidien du CCPCL « Sovetskaja Litva » a publié des appréciations négatives sur le Sąjūdis. 

Les positions du Sąjūdis ont été renforcées par la rencontre le 9 août du chef adjoint de la section culturelle du CCPCUS Alexeï Tsvetkov avec les membres du Groupe d’initiative du Sąjūdis. La tension entre le Sąjūdis et le pouvoir de l’époque a aussi été atténuée par la visite en Lituanie les 11 et 12 août d’Alexandre Yakovlev, membre du Politburo du PCUS et Secrétaire du CCPCUS pour l’idéologie. Lors d’une rencontre avec l’intelligentsia artistique et des représentants du Sąjūdis, A. Yakovlev a critiqué les obstacles à la Perestroïka en Lituanie, soutenant ainsi de manière non officielle le Sąjūdis. Après la visite de A. Yakovlev, la critique du pouvoir envers le Sąjūdis s’est atténuée en Lituanie : le Sąjūdis a été autorisé d’voir sa publication périodique et une émission de télévision régulière. Le 16 septembre, la publication de l’hebdomadaire « Atgimimas » (« Renaissance ») a commencé sous la direction de R. Ozolas, et le Groupe d’initiative du Sąjūdis a participé pour la première fois le 18 septembre à l’émission de la télévision lituanienne « TV forumas ». 

La formation des groupes d’initiative du Sąjūdis s’est accélérée dans les régions : le 13 août à Anykščiai, le 15 août à Rokiškis, le 21 août à Radviliškis, le 25 août à Kelmė et Šilutė, le 29 août à Molėtai, Skuodas et Utena, le 30 août à Kaišiadorys et Šeduva[45]. Les diapositives, conservées dans les archives personnelles de Janina Ražukienė et B. Kašelionis, immortalisent les membres du Groupe d’initiative du Sąjūdis A. Buračas[46] et S. Geda[47] lors du premier meeting du Sąjūdis à Veisiejai (région de Lazdijai). On entend sur l’enregistrement sonore le discours de S. Geda sur les luttes pour l’Indépendance, les partisans et l’unité de la Nation lituanienne[48]. Dans les archives personnelles d’Aldona Pranckėnienė est conservée une invitation[49] au premier meeting du Sąjūdis à Molėtai, sur le négatif[50] sont immortalisés les membres du Groupe d’initiative du Sąjūdis, les membres du Groupe d’initiative du Sąjūdis de la région de Molėtai, des déportés, des religieux et des représentants du LPCL de la région. Les orateurs ont souligné les changements en cours dans toute l’Union soviétique, les rapports entre le pouvoir et le peuple, la destruction des monuments culturels et le destin des déportés lituaniens. La collecte de signatures contre la construction du troisième bloc de la centrale nucléaire d’Ignalina, les participants au meeting chantant « Chère Lituanie » et les photographes sont aussi sur le négatif.  

Le plus souvent, les groupes d’initiative du Sąjūdis d’une ville ou d’une région se constituait avant le premier meeting du Sąjūdis ou se formait après le meeting, par ex., à Vilkaviškis, le Groupe d’initiative du Sąjūdis s’est constitué en juillet et le premier meeting a eu lieu le 27 août. La photo, conservée dans les archives personnelles de P. Uleckas, où on voit les participants au meeting de Vilkaviškis, les symboles nationaux et les pancartes : « Notre langue est notre trésor », « Ici c’est notre terre la Lituanie », « Tu pollues ta maison – tu pollues la nature – tu pollues la Lituanie », « Nous sommes pour M. Gorbatchev, ce qui sont contre nous sont contre la Pérestroïka ». 

Les groupes de soutien du Sąjūdis des villes et des régions se formaient dans les institutions et les entreprises. Elles étaient établies selon la profession ou le lieu de résidence, l’action du groupe de soutien était coordonnée par le groupe d’initiative d’une ville ou d’une région, puis le conseil. Il faut mentionner le procès-verbal d’activité du groupe de soutien du Sąjūdis de la région de Jubarkas[51], où était inscrit l’appel de A. Pečiukaitis (membre du conseil du Sąjūdis de la région de Jubarkas) pour constituer un groupe ce soutien du Sąjūdis dans le Kolkhoze « Nemunas » de la région de Jurbarkas, qui devrait s’occuper de l’aménagement de la localité de Seredžius et aider à régler les problèmes écologiques. Les membres des conseils régionaux du Sąjūdis avaient répartis les domaines d’action, par ex., organisation, finances, écologie, culture, édition, etc. Les groupes d’initiatives du Sąjūdis se constituaient presque en même temps que les groupes de soutien du Sąjūdis sur les lieux de travail, mais dans certains endroits le processus était inversé : d’abord se créaient des groupes de soutien du Sąjūdis sur les lieux de travail, puis des groupes d’initiative du Sąjūdis des villes et des régions[52]. La formation d’un groupe de soutien sur un lieu de travail est montrée par les documents du groupe de soutien du LPS de l’association d’entreprises d’automates de l’industrie agroalimentaire (ci-après MAAGS) de Kapsukas (auj. Marijampolė), conservés dans les archives personnelles de P. Uleckas, sur son activité, ses liens avec le Groupe d’initiative du Sąjūdis et le règlement des problèmes écologiques et du patrimoine culturel de la région de Sūduva[53]. Le groupe de soutien de LPS de la MPAGS de Kapsukas a initié un sondage de la population sur la restitution du nom de Marijampolė[54], où la majorité s’est prononcée pour la restitution du nom de Marijampolė. Dans ces documents, se trouvent aussi le scénario de la commémoration du 16 Février[55] ainsi que les noms des orateurs. 

À Vilnius, Kaunas et Klaipėda, les groupes de soutien du Sąjūdis étaient coordonnés par les assemblées des représentants. Dans les villes et régions lituaniennes, des contacts étroits entre les groupes de soutien du Sąjūdis étaient maintenus par des coordinateurs, et des petits Seimas du Sąjūdis dans d’autres régions. Dans les archives personnelles de P. Uleckas, sont conservées les listes des coordinateurs et membres du LPS de la région de Marijampolė, de Kalvarija et de Kazlų Rūda, une liste des candidats au petit Seimas du Sąjūdis de la ville et région de Kapsukas (auj. Marijampolė). [56]. 

Souhaitant attirer l’attention sur la libération des prisonniers politiques, les participants de la résistance non armée Petras Cidzikas et Algimantas Andreika ont commencé le 17 août sur la place Gediminas une grève de la faim qui s’est poursuivie jusqu’au 26 août, lorsque les grévistes et le Sąjūdis ont signé un accord sur la création d’un comité commun de libération des prisonniers politiques. Les diapositives et les négatifs de A. Juozapaitis, J. Česnavičius et B. Kašelionis montrent la cabane des grévistes avec le drapeau tricolore sur le toit[57] et une étoffe sur le mur avec un couplet du « Chant national » de V. Kudirka, une demande de libération des prisonniers politiques : Balys Gajauskas, Gintaras Iešmantas, Viktoras Petkus, Sigitas Tamkevičius, Valdemaras Karaliūnas. Près de la Cathédrale, les gens lisent des inscriptions et des pancartes : « Grève de la faim pour les prisonniers politiques et les déportés »[58], « Liberté pour les prisonniers politiques », « Rendez leurs droits à Alfonsas Svarinskas et Tomas Venclova »[59].

Le 23 août 1939, l’Union soviétique et l’Allemagne nazie ont signé le Pacte Molotov-Ribbentrop et leurs protocoles secrets, suite auxquels la Lituanie a été occupée par l’URSS le 15 juin 1940. Le Sąjūdis a cherché à rendre public ces documents : ils ont été publiés le 5 août dans le numéro 15 de « Sąjūdžio žinios », et un meeting a été organisé au parc Vingis pour dénoncer ces documents. Une autorisation a été accordée pour le meeting et environ 250 000 personnes y ont participé[60]. Le Sąjūdis a invité les personnes au meeting via « Sąjūdžio žinios », par téléphone, la télévision de la République et le quotidien « Vakarinės naujienos » (« Nouvelles du soir »). 

Le meeting a été retransmis à a télévision, une partie de cette émission a été conservée dans un enregistrement audio[61], dans lequel on entend le discours de V. Landsbergis sur le Pacte Molotov-Ribbentrop, les crimes du nazisme et du stalinisme, la proposition de Justinas Marcinkevičius d’adopter une résolution exigeant de rendre public le Pacte Molotov-Ribbentrop et ses protocoles secrets avec les cartes, et les condamner en tant que violation grave du droit international. L’historien Liudas Truska a appelé ces protocoles secrets le glas de l’indépendance des pays baltes. Les participants ont entendu l’enregistrement sonore du dernier ministre des Affaires étrangères de la République de Lituanie (1938-1940) Juozas Urbšys sur les négociations avec J. Staline, et le destin de la Lituanie après les protocoles secrets du pacte. V. Landsbergis a lu au public le message de 28 sénateurs américains aux peuples de Lituanie, de Lettonie et d’Estonie, où était exprimée l’approbation de la campagne de révélation des crimes du stalinisme, effectuée par les autorités, et de la possibilité donnée aux Baltes de rendre hommage à la mémoire des déportés[62]. Les participants au meeting ont chanté le « Chant national » de V. Kudirka et « Chère Lituanie » de Maironis, ils ont allumé des bougies et scandé : « Liberté aux prisonniers de conscience ». Les gens faisaient des dons pour un monument aux victimes du stalinisme. Les négatifs et les diapositives de Vytautas Daraškevičius, Aleksandras Juozapaitis et Bronius Kašelionis ont enregistré des moments du meeting : près de l’estrade du parc Vingis, une couronne symbolique en fil barbelé avec des drapeaux tricolores et des rubans de deuil[63], au-dessus de l’estrade du parc Vingis un grand drapeau tricolore avec un ruban noir, des manifestants[64], des représentants de la résistance non-armée Nijolė Sadūnaitė, Julius Sasnauskas, Robertas Grigas, les orateurs[65], de nombreux drapeaux tricolores avec un ruban noir, les drapeaux nationaux de la Lettonie et de l’Estonie, des bougies allumées.  

La situation écologique de la mer Baltique qui se détériorait a incité le Sąjūdis, les clubs « Atgaja » et « Žemyna » ainsi que les mouvements des verts de Lettonie et d’Estonie à organiser le 3 septembre l’action de protestation commune « Enlaçons la Baltique ». Environ 100 000 personnes ont pris part à l’action : des Lituaniens, des Lettons, des Estoniens. Le Sąjūdis avait convenu avec la direction de l’armée des frontières de l’URSS que les participants de la protestation[66] pouvaient rester dans les zones côtières interdites de la mer Baltique. Les négatifs de V. Daraškevičius montrent les participants se tenir par la main le visage tourné vers la mer [67], beaucoup de jeunes, certains d’entre eux étaient en costume national, beaucoup de drapeaux tricolores, des pancartes : « Seul un peuple libre réveillera la Baltique », « Notre mer meurt, ce n’est pas seulement un malheur mais aussi une honte », une exposition où, à côté des drapeaux des pays baignés par la mer Baltique, se trouve des tas de déchets qui correspondent, par leur taille, à la quantité de déchets rejetés dans la mer, et l’Union soviétique est leader[68]. 

Après le meeting du 23 août du Sąjūdis, les autorités soviétiques ont adopté une position plus ferme. Pendant le Sąjūdis préparait une protestation concernant l’arrêt de la construction du troisième bloc de la centrale nucléaire d’Ignalina, il a été interdit pour la presse officielle d’informer le public de cette action, l’autorisation n’a pas été obtenue. Malgré les entraves du pouvoir, le Sąjūdis a organisé du 16 au 18 septembre l’action de protestation « Anneau de vie ». Il a été décidé d’inviter une commission internationale pour examiner la fiabilité des premier et deuxième réacteurs, et on a commencé à collecter des signatures pour une expertise internationale sur l’arrêt de la centrale nucléaire d’Ignalina[69]. Dans les archives personnelles d’Ona Volungevičiūtė sont conservées les signatures de 508 habitants de Kapsukas (auj. Marijampolė) concernant la venue d’une commission internationale pour examiner la centrale nucléaire d’Ignalina[70]. Participant à l’action, des Lituaniens, des Lettons, des Estoniens, des Russes, des Biélorusses et des Ukrainiens (environ 20 000 personnes en tout) se sont pris par la main et entouré avec l’« Anneau de vie » le site de construction du troisième bloc de la centrale nucléaire d’Ignalina. L’ordre était maintenu par les « brassards verts ». Sur les négatifs et les diapositives de Valdas Lapašauskas et A. Sabaliauskas, on voit l’état-major de l’action de protestation avec l’inscription « Ignalina A†E », les participants préparant des pancartes, les panneaux indiquant la radioactivité, des tentes, des participants regardant le spectacle du Théâtre de la vieille ville de Vilnius « La mort de Kęstutis » et écoutant des chansons de Veronika Povilionienė, le membre du Groupe d’initiative du Sąjūdis Z. Vaišvila devant le micro[71], des participants se rendant sur le site de construction du troisième bloc de la centrale nucléaire d’Ignalina, des drapeaux de la Lituanie, de la Lettonie et de l’Estonie, des jeunes avec des pancartes sur le dos « Ignalina A†E » [72]. 

Conformément au deuxième protocole secret du Pacte Molotov-Ribbentrop, signé le 28 septembre 1939, tout le territoire de la Lituanie a été donné attribué à la sphère d’influence de l’URSS. Condamnant ce fait, la LLL a organisé le 28 septembre 1988 un meeting non autorisé. Les autorités n’ont pas donné d’autorisation et prévenu les organisateurs d’un possible usage de la force. Sur ordre du pouvoir soviétique, des unités spéciales de la milice ont dispersé entre 15 000 et 20 000 personnes. Les participants à l’action ont été frappés par des matraques et détenus sans aucune justification, les grévistes de la faim pour la libération des prisonniers politiques ont aussi été arrêtés la nuit. Ils ont été emmenés de force et emprisonnés dans des locaux appartenant au ministère de l’Intérieur. La société a appelé cette répression par les structures soviétiques le « bal des bananes » (la banane étant le nom familier pour désigner la matraque, n.d.t). Sur une photo de J. Česnavičius, on voit des soldats soviétiques encerclant la place Gediminas[73]. En réaction à la brutalité de la milice, le Sąjūdis et la LLL ont organisé le 29 septembre. Sur une photo de J. Česnavičius, on voit les membres du Groupe d’initiative du Sąjūdis V. Landsbergis, A. Skučas, Z. Vaišvila[74] sur la place Gediminas, et d’autres participants à l’action de protestation. Exprimant son mécontentement concernant les événements du 28 septembre, le public a fait un piquet le 30 septembre devant le bâtiment du Comité d’État de la radio et de la télévision contre la télévision qui n’a pas réagi aux événements des 28 et 29 septembre sur la place Gediminas et qui a ignoré la demande du Groupe d’initiative du Sąjūdis d’enregistrer et publier une information objective sur ces événements[75]. Le 4 octobre, environ 2 000 personnes ont fait un piquet devant les institutions du pouvoir de l’époque pour condamner la brutalité de la milice et elles ont exigé que le premier Secrétaire du PCL R. Songaila prenne ses responsabilités. 

Dans ses premiers meetings, le Sąjūdis exigeait déjà de légaliser le drapeau tricolore lituanien, le Vytis et le « Chant national » de V. Kudirka, qui avaient été interdit par le pouvoir soviétique, et d’accorder à la langue lituanienne le statut de langue officielle. Par décret du 6 octobre du Præsidium du Soviet suprême de la République socialiste soviétique (RSS de Lituanie), ont été légalisé le drapeau tricolore, le Vytis, les colonnes de Gediminas et le « Chant national » de V. Kudirka. Le 7 octobre, le drapeau tricolore a été solennellement hissé sur la tour du château de Gediminas. Dans son discours lors du meeting, l’architecte Vytautas Landsbergis Žemkalnis a souligné l’unité des gens, le soutien au mouvement Sąjūdis et l’importance du drapeau tricolore pour le peuple lituanien, A. Juozaitis a mis l’accent sur la liberté de la Nation et l’indépendance, J. Marcinkevičius a rappelé la signification historique et spirituelle de la colline de Gediminas et de la tour du château de Gediminas. Les négatifs et les diapositives couleurs de V. Daraškevičius et B. Kašelionio montrent une foule de milliers de personnes sur la place Gediminas, des drapeaux tricolores[76], le drapeau tricolore flottant sur la tour du château de Gediminas[77] 

Les préparatifs du Congrès constituant du Sąjūdis ont commencé après la formation d’un comité d’organisation en septembre, présidé par A. Medalinskas. Le groupe d’organisation a préparé un projet de structure du Sąjūdis, où était prévu un organe exécutif suprême du LPS : le congrès, élu selon les territoires et l’appartenance aux mouvements civiques[78]. En octobre, les élections des délégués pour le Congrès constituant du LPS ont eu lieu dans les villes et les régions. Dans les archives personnelles de Nomeda Simėnienė est conservé un document sur l’élection des délégués de la région de Panevėžys pour le Congrès constituant du Sąjūdis[79], les candidats pour être délégués sont indiqués ainsi que le nombre de voix obtenues. Les négatifs de V.  Mozūraitis montre le départ des délégués du Sąjūdis de Kapsukas (auj. Marijampolė) pour le Congrès constituant du Sąjūdis[80], des drapeaux tricolores hissés, les armoiries de la ville de Marijampolė. Le Congrès constituant du LPS devait élire le Seimas du Sąjūdis, et celui-ci, à son tour, le Conseil du Seimas du Sąjūdis. Lors des réunions du Groupe d’initiative du Sąjūdis, on a discuté du système électoral pour le Congrès et le Seimas du Sąjūdis, on a préparé les statuts du Sąjūdis et le projet de programme général du Sąjūdis qui a été publié le 12 octobre dans la presse pour une discussion publique. 

 

Le Congrès constituant du Sąjūdis 

Les 22 et 23 octobre 1988 a eu lieu le Congrès constituant du Sąjūdis. La tension a diminué entre le pouvoir soviétique et le Sąjūdis lorsque le premier Secrétaire du CCPCL R. Songaila a démissionné le 19 octobre, et qu’a été nommé à sa place Algirdas Mykolas Brazauskas. Une autorisation a été obtenue et le congrès a été organisé dans la plus grande salle de l’époque : le Palais des sport de Vilnius. 

Selon les données de la commission des mandats, 1 021 délégués et environ 4 000 invités ont pris part au Congrès constituant du LPS. Tenant compte des propositions des délégués et des remarques préalables de la population, le programme commun en neuf parties du Sąjūdis a été adopté au congrès. Il soulignait l’aspiration à un État lituanien, les efforts pour restaurer une société civile consciente, et le soutien du Sąjūdis pour rétablir une procédure électorale démocratique, une justice sociale, la promotion de la culture lituanienne, l’autonomie économique (document des archives personnelles de O. Volungevičiūtė). Ils ont également adopté les statuts du Sąjūdis qui définissaient la structure du LPS et permettaient au Sąjūdis de devenir une personne morale à part entière[81], 30 résolutions, parmi lesquelles des résolutions sur la souveraineté, l’autonomie économique, le statut de la langue lituanienne, la citoyenneté de la RSS de Lituanie, les crimes du stalinisme et une réhabilitation générale, les prisonniers politiques, les forces armées territoriales de la RSS de Lituanie et la restitution des trésors culturels. Une déclaration de bonne volonté a été adoptée, se prononçant pour une aspiration à la paix dans tous les domaines de la vie et le soutien à la Pérestroïka.  

Les délégués du Congrès ont présenté les 171 membres du Seimas du 171 Sąjūdis[82], élus lors des conférences des groupes de soutien du Sąjūdis des villes et des régions, et ils ont approuvé la proposition sur la cooptation au Seimas du Groupe d’initiative du LPS in corpore. Les délégués ont élu en plus 15 membres du Seimas du Sąjūdis[83]. Démocratiquement élu, le Seimas du Sąjūdis était composé de 220 membres. Lors de la première réunion du Seimas du Sąjūdis, un règlement a été adopté et le Conseil du Seimas du Sąjūdis de 35 membres élu. Le Congrès a été retransmis à la télévision. Lors du Congrès, il y a eu des discours des membres du Groupe d’initiative du Sąjūdis, des délégués des villes et des régions, du représentant du Front populaire de Lettonie Janis Gaigals, du leader du Front populaire d’Estonie Edgar Savisaar ainsi que des représentants du Front populaire de Biélorussie, du club « Tremtinys » (« Déporté »), de la LLL, de la Communauté des Lituaniens du monde, du clergé, de l’association catholique de femmes « Caritas », des Lituaniens de Vorkouta et du PCL. Les orateurs se sont prononcés sur la nécessité d’élections démocratiques, la souveraineté de l’État lituanien, les conséquences douloureuses du Pacte Molotov-Ribbentrop, le Sąjūdis qui a rassemblé la société lituanienne, et les possibilités pour les déportés lituaniens de revenir dans leur partie. Dans le Palais des sports, l’atmosphère était enthousiaste, les discours plein d’émotion étaient régulièrement interrompus par des applaudissements, on scandait « Lituanie ! », « Sąjūdis ». Les membres du Groupe d’initiative du LPS ont fait huit présentations programmatiques sur la renaissance de la Lituanie, la création d’un État de droit, la pollution de la nature, l’autonomie économique de la Lituanie, l’exacerbation des relations nationales encouragée par le pouvoir soviétique, et la proposition de projet de Constitution de la RSS de Lituanie.  

Un centre de presse international, créé le 10 octobre et dirigé par A. Čekuolis, coordonnait les relations avec les journalistes étrangers : la délivrance d’accréditation, l’organisation des conférences de presse et la préparation des communiqués du congrès en lituanien, anglais, allemand et russe. Dans les archives personnelles du chef adjoint du centre de presse du Congrès pour les questions organisationnelles Adolfas Uža sont conservés des documents : les demandes d’accréditation des journalistes et photographes pour le Congrès constituant du Sąjūdis, les listes des journalistes, photographes et caméramans accrédités, les formulaires d’accréditation des journalistes, photographes, traducteurs et réalisateurs venus de Vilnius et d’autres villes et régions de Lituanie, de Riga, de Tallinn, de  Minsk et de Moscou[84], où sont indiqués le nom et le prénom, le lieu de travail, la ville, le pays, l’adresse et la signature de la personne qui a validé le formulaire. Les archives contiennent aussi les informations du centre de presse international aux journalistes sur l’utilisation des moyens de télécommunication, les horaires du centre de presse, les horaires des conférences de presse organisées, les informations sur les traductions en anglais, espagnol, italien, français, allemand et polonais. Plus de 400 journalistes ont été accrédités, dont 103 journalistes étrangers de 17 pays[85] qui ont aidé à diffuser l’information sur le Sąjūdis à l’étranger. Sur les photos de J. Česnavičius, on voit les participants à la conférence de presse du Congrès : A. Čekuolis, A. Juozaitis, V. Petkevičius, K. D. Prunskienė[86]. Les négatifs et les photographies de J. Česnavičius, V. Daraškevičius, B. Kašelionis, Juozas Kazlauskas, Algirdas Sabaliauskas, Vidas Venslovaitis et V. Valiušaitis montrent la salle décoré, un grand drapeau tricolore lituanien[87] tendu du milieu du plafond jusqu’à l’estrade en descendant par le centre de la scène même, une tribune blanche ornée de colonnes de Gediminas, un drapeau tricolore composé de fleurs, les présidents de la première séance M. Lukšienė et Just. Marcinkevičius[88], à la tribune V. Landsbergis Žemkalnis[89], A. Juozaitis, les caméramans devant l’estrade, les tableaux lumineux sur les côtés de la salle affichent les noms et prénoms des orateurs, une inscription en lituanien et en russe « Pour notre et votre liberté ! »[90], les abords du Palais des sports décorés avec d’immenses emblèmes avec l’inscription : « Sąjūdis. Congrès constituant Vilnius 22-23 10 1988 », les délégués et les invités se tenant par la main[91], une foule de milliers de personnes avec des drapeaux tricolores et des pancartes, dans la salle des délégués tenant les bulletins de vote, les délégués rassemblés le soir près de la cathédrale, les membres du Groupe d’initiative du Sąjūdis marchant sur l’avenue Gedimino, les représentants du pouvoir soviétique, les invités, des ensembles folkloriques avec des bougies, des torches et des drapeaux tricolores[92], des jeunes portant les colonnes de Gediminas.  

Lors du Congrès, A. M. Brazauskas a annoncé que l’archi-cathédrale de Vilnius était restituée aux fidèles. Le 23 octobre au matin, le cardinal V. Sladkevičius a célébré devant les portes fermées de la cathédrale une messe qui a été retransmise en direct à la télévision. Une photo de J. Česnavičius a immortalisé le cardinal V. Sladkevičius avec des ecclésiastiques devant la cathédrale. Lors du Congrès constituant, le Sąjūdis a obtenu un mandat de la société pour représenter les intérêts du peuple[93].

 

Le Sąjūdis : d’une organisation institutionnalisée au rétablissement de l’indépendance de l’État lituanien 

Annoncé en octobre, le projet d’amendements et d’additif à la Constitution de l’URSS prévoyait un congrès des députés du peuple qui pourrait modifier la Constitution de l’URSS et permettrait de supprimer plus facilement les articles garantissant la souveraineté des républiques, il était prévu un comité de surveillance constitutionnelle de l’URSS qui se serait vu accorder le droit d’annuler les actes juridiques adoptés par les républiques de l’Union[94]. En réaction à ce projet, le Conseil du Seimas du Sąjūdis a adopté une décision qui déclarait que seuls des articles qui n’étaient pas contraires aux Constitutions des différentes républiques pouvaient être inclus dans la Constitution de l’URSS, et la Constitution de l’URSS entrerait en vigueur uniquement si elle était ratifiée par les parlements des républiques. Dans sa lettre du 2 novembre à M. Gorbatchev[95], le Conseil du Seimas du Sąjūdis a affirmé que le projet annoncé d’amendements et d’additif de la Constitution de l’URSS concernant les droits des républiques de l’Union ne devait pas être adopté à la session du Soviet Suprême de l’URSS, car il n’avait pas été correctement préparé. Lors de la réunion à Riga le 8 novembre des représentants du Sąjūdis et des Fronts populaires de Lettonie et d’Estonie, il a été décidé que l’entrée en vigueur du projet d’amendements et d’additif de la Constitution de l’URSS créerait un État unitaire centralisé et supprimerait le droit des républiques de l’Union à la souveraineté, il a été décidé de collecter des signatures contre les amendements de la Constitution de l’URSS.  

Lors de son émission télévisée « Atgimimo banga » (« Vague de la Renaissance ») du 9 novembre, le Sąjūdis a annoncé une action de collecte de signatures « Un million de signatures » qui a avait comme objectif que ce projet ne soit pas examiné à la prochaine session du Soviet Suprême de l’URSS (26 novembre). Dans le document adressé au Præsidium du Soviet Suprême de l’URSS, dont un exemplaire est conservé dans les archives personnelles de R. J. Juodenis, il est affirmé que le projet annoncé d’amendements et d’additif de la Constitution de l’URSS viole les principes de l’État de droit, ne correspond pas aux objectifs de la XIXe Conférence du Parti, restreint les droits des républiques et autres peuples de l’Union et renforce le système bureaucratique centralisé.  

La première session du Seimas du Sąjūdis a adopté le 13 novembre deux résolutions condamnant le projet d’amendements et d’additifs à la Constitution de l’URSS, la procédure d’élection des députés du peuple de l’URSS et le projet de Constitution de la RSS de Lituanie appuyé par la majorité absolue des voix. Les négatifs de J. Kazlauskas montrent la session du Seimas du Sąjūdis à l’Académie des sciences : des membres avec des épinglettes avec l’inscription « Non aux amendements de la Constitution du PCUS », certains examinent la nouvelle rédaction de la Constitution de la RSS de Lituanie[96]. La collecte des signatures a été organisée par le Conseil du Seimas du Sąjūdis, et l’action a été coordonnée dans les villes et les régions par les conseils régionaux du Sąjūdis. Pendant la nuit, une affiche a été imprimée pour rendre publique l’action :[97] sur fond rouge, des soldats soviétiques le dos tourné, au-dessus d’eux un drapeau tricolore lituanien et l’inscription : « Collecte des signatures dans ta maison ! », il été écrit en russe « Конституция » (Constitution). Des signatures ont été collectées partout : dans la rue, sur les lieux de travail, et même en faisant du porte à porte. Sur les négatifs et les photos de J. Kazlauskas et J. Česnavičius, on voit à Vilnius, près du siège du Sąjūdis[98], des gens signant contre les amendements de la Constitution de l’URSS, une pancarte annonçant qu’on s’approchait déjà du million de signatures. Les membres du Seimas du Sąjūdis des villes et des régions sont arrivés à la session du Simas du LPS le 13 novembre et ils ont transmis de grands dossiers avec les signatures[99]. En un court laps de temps (du 9 au 20 novembre), on a récolté 1,8 millions de signatures, que les représentants du Conseil du Seimas du Sąjūdis (membres du Seimas du Sąjūdis) A. Kaušpėdas, Č. Stankevičius, M. Laurinkus et S. Pečeliūnas, la représentante du Centre de coordination de préparation des actions du Sąjūdis Angonita Rupšytė et une dizaine d’étudiants de la Faculté de physique de l’Université de Vilnius ont emmené à Moscou le 24 novembre par train et remis le 25 novembre aux représentants de l’accueil du Soviet Suprême de l’URSS. En Lettonie, une pétition similaire a été signée par plus de 1,1 millions de personnes et en Estonie par près d’un million de personnes, près de 4 millions de personnes se sont prononcées contre la centralisation du pouvoir de l’URSS dans ce référendum non officiel[100] 

Les habitants de la Lituanie n’approuvaient pas tous les idées du Sąjūdis. Des Lituaniens prosoviétiques et une partie des autres peuples (Russes, Polonais) vivant en Lituanie avait des opinions prosoviétiques et exprimait leur désapprobation envers l’action du Sąjūdis. C’est ce que montre l’organisation prosoviétique « Mouvement socialiste pour la Pérestroïka en Lituanie - Vienybė, Jedinstvo, Jedność » (ci-après « Jedinstvo » (Unité)), constitué le 4 novembre à Vilnius. Le « Jedinstvo » déclarait au début que son objectif était de « collaborer et commencer un dialogue constructif avec le Sąjūdis », mais plus tard il a renoncé à cette intention. L’organisation se prononçait pour que la langue lituanienne ne devienne pas la langue officielle de la RSSS de Lituanie, encourageait les communistes lituaniens à se battre pour leurs positions en renforçant l’union des républiques souveraines : l’URSS[101]. En réaction au décret du Præsidium du Soviet Suprême de la RSS de Lituanie sur l’utilisation de la langue officielle de la RSS de Lituanie, le « Jedinstvo » a organisé le 12 février 1989 un meeting, auquel ont participé environ 15 000 personnes protestant contre le lituanien comme langue officielle et exigeant le retrait du décret ainsi que la démission de A. Brazauskas et des autres dirigeants du PCL. Il a été annoncé que qu’une grève aura lieu le 15 février pour s’opposer à l’idée de commémorer l’Indépendance de la Lituanie. La grève prévue n’a pas eu lieu. Les négatifs de J. Kazlauskas montre une foule de gens devant le Palais des sports de Vilnius[102] tenant des inscriptions en russes « нет выход из ссрс » (Il n’y a pas de sortie de l’URSS), « национальная замкнутост – гибель нации » (le repli national c’est la mort du peuple). Le « Jedinstvo » a organisé le 10 août 1989 un meeting dans le parc Kalnų contre la « discrimination de l’armée soviétique », et il a adopté une résolution sur l’attitude envers le PCUS et exigé « Non à la sortie du Parti communiste de la RSS de Lituanie du PCUS ! »[103]. À partir des notes des ordres du jour du Conseil du Seimas du Sąjūdis, conservées dans les archives personnelles de O. Volungevičiūtės, on voit que les questions sur l’activité du « Jedinstvo » et l’organisation des grèves étaient souvent réglées en tenant compte des actions du « Jedinstvo ». À l’approche du plénum du CCPCUS, a eu lieu le 25 juin 1989 dans le parc Kalnų un meeting du « Jedinstvo », auquel ont participé environ 10 000 personnes. Lors du meeting, on a dénoncé la décision du XIIIe plénum du CCPCL sur le statut du PCL, la proclamation de la langue lituanienne comme langue officielle et le projet de loi sur la citoyenneté, les participants se sont prononcés pour l’autonomie de la région de Vilnius. En réaction à cette exigence du « Jedinstvo », les habitants de  Šalčininkai, qui n’étaient pas d’accord avec la déclaration d’autonomie dans la région de Šalčininkai, ont collecté le 16 septembre 1989, lors de la rencontre avec les députés du peuple de l’URSS A. Čekuolis, M. Laurinkus, A. Buračas et K. Motieka, des signatures sous la résolution pour protester contre l’autonomie de la région de Šalčininkas. Le Præsidium du Soviet Suprême de la RSS de Lituanie a adopté le 21 septembre 1989 une décision reconnaissant comme nulle la proclamation des régions de Šalčininkai et Vilnius comme régions territoriales nationales polonaises. 

Lors de la session du Soviet Suprême de la RSS de Lituanie des 17 et 18 novembre 1988, le statut de langue officielle a été accordé au lituanien et des amendements de la Constitution de la RSSS de Lituanie ont été adoptés sur le drapeau et l’hymne, mais les amendements de la Constitution de la RSS de Lituanie sur la souveraineté n’ont pas été adoptés, on n’a pas soutenu l’Estonie qui avait adopté un tel amendement. Il y avait une confrontation entre le Sąjūdis et le pouvoir soviétique. Le Sąjūdis a adopté l’appel au Soviet Suprême d’Estonie et au Front populaire d’Estonie, où, comme on le voit à partir de la copie de ce document, conservé dans les archives personnelles de O. Volungevičiūtė, un soutien était exprimé aux décisions du Soviet Suprême d’Estonie et on regrettait que les propositions d’amendements constitutionnels n’aient pas été défendus[104]. Les négatifs de J. Kazlauskas  montre le meeting qui a eu lieu devant le Soviet Suprême de la RSS de Lituanie, des manifestants tenant des pancartes : « Exigeons la citoyenneté de la RSS de Lituanie », « Le lituanien langue officielle pour la Lituanie »[105], « La Lituanie a besoin d’une vraie Constitution », « La langue est la vie du peuple », « La Lituanie est un État », « SOS la langue maternelle va mourir et le peuple disparaîtra », un participant au meeting avec un mégaphone, des caméramans. 

Lors de la réunion élargie du Conseil du Seimas du Sąjūdis le 20 novembre, a été adoptée une Déclaration d’indépendance morale[106], dont une copie est conservée dans les archives personnelles de O. Volungevičiūtė. Elle se prononçait pour l’indépendance morale de la Lituanie, l’adoption et le respect de lois qui ne restreignent pas l’indépendance de la Lituanie. Lors de la réunion du Conseil du Seimas du Sąjūdis le 21 novembre, on a exigé la démission du président du Præsidium du Soviet Suprême de la RSS de Lituanie Vytautas Astrauskas, des Secrétaires du PCL le président du Soviet Suprême de la RSS de Lituanie Lionginas Šepetis et le Secrétaire du Præsidium Jonas Gureckas. La position du pouvoir soviétique à l’égard du Sąjūdis s’est durcie : la diffusion de l’émission « Atgimimo banga » a été arrêtée le 23 novembre, des articles ont été publiés qui accusaient le Sąjūdis d’inciter à la confrontation. En réaction aux tentatives du PCL de diviser la direction du Sąjūdis, le Conseil du Seimas du Sąjūdis a élu le 25 novembre comme président du Conseil du Seimas du Sąjūdis Vytautas Landsbergis. Dans la déclaration d’unité morale du Conseil du Seimas du Sąjūdis, adoptée le même jour, l’objectif du Sąjūdis était annoncé : la souveraineté de la Lituanie pour laquelle tous les conflits internes devaient être surmontés[107]. 

Les autorités ont été critiquées pour les restrictions de l’activité du Sąjūdis lors du meeting du Sąjūdis le 26 novembre sur la place de la Cathédrale en accompagnant les députés de l’URSS. Les membres du Conseil du Seimas du Mitinge dalyvavo Sąjūdis et des représentants du PCL ont participé au meeting, de tous les députés de l’URSS invités seuls deux étaient présents : A. Ferensas et V. Mikučiauskas. Sur les négatifs de V. Daraškevičius et J. Kazlauskas : les membres du Conseil du Seimas du Sąjūdis, des orateurs, une foule de milliers de personnes, des jeunes tenant des pancartes : « Député, triomphe de l’esclave en toi ! », « La Patrie Lituanie attend de vous des actions déterminés », « Nous ne laisserons personne diviser la Lituanie », « Pour une Constitution démocratique », « Sans indépendance nous nous calmerons pas », « Armée d’occupation : dehors ! », « Un État pour la Lituanie »[108] 

Lors de la deuxième session du Seimas du LPS le 4 décembre, on a discuté des tendances politiques en Union soviétique, des stratégie et des orientations d’action prévues du Sąjūdis, une résolution a été adopté sur « Activité du Sąjūdis » qui se prononçait pour que les accords entre Hitler et Staline en 1939 soient reconnus illégitimes, sur la mise en œuvre du droit à la détermination à travers un référendum populaire, sur la suprématie des lois de la RSS de Lituanie étaient défendues par rapport aux lois de l’Union soviétique, sur des élections démocratiques populaires en Lituanie et sur l’autonomie économique[109]. Les négatifs de J. Kazlauskas montrent la session à l’Académie des sciences : le vote des membres du Seimas[110], les orateurs. 

Entre les sessions du Seimas du Sąjūdis, il y avait presque chaque mardi des réunions du Conseil du Seimas du Sąjūdis, où étaient discutés la situation politique, les relations nationales, les élections, la préparation de la presse du Sąjūdis pour les sessions du Seimas, les projets de documents, l’activité éducative et culturelle des organisations rétablies, l’organisation d’événements et les questions financières (dans les archives personnelles de O. Volungevičiūtė sont conservés les ordres du jour et les notes des réunions du Conseil du Seimas)[111]. 

Le Sąjūdis, considérant la situation difficile des victimes du tremblement de terre en Arménie, a organisé une aide le 7 décembre. Les notes de la réunion du Conseil du Seimas du Sąjūdis du 13 décembre, conservées dans les archives personnelles de O. Volungevičiūtė, montrent que 100 000 roubles ont été envoyés sur les fonds du Sąjūdis[112]. Un document financier du groupe de soutien du LPS de l’élevage de volaille de Vievis est conservé dans les archives personnelles de J. Janonis sur l’argent transmis au représentant du centre des entreprises et des usines de Vilnius (1 302 roubles) par le représentant de l’élevage de volaille de Vievis J. Janonis pour soutenir les victimes du tremblement de terre en Arménie[113]. 

Le 14 décembre, la diffusion « Atgimimo banga » a été de nouveau autorisée. Le 24 décembre, pour la première fois depuis la guerre, le Réveillon a été publiquement célébré en Lituanie. À la demande du Seimas du Sąjūdis, les Lituaniens ont allumé des bougies sur les rebords des fenêtres de leurs maisons et ont ainsi participé à un référendum familial symbolique en se prononçant tous pour un État lituanien. Les négatifs de V. Daraškevičius montrent des bougies allumées le soir sur les fenêtres des immeubles[114]. 

En décembre a été annoncée la loi sur les élections au congrès des députés du peuple de l’URSS. Le Sąjūdis, qui n’approuvait pas l’appel de la LLL de boycotter ces élections, a décidé de présenter ses candidats aux élections des députés du peuple de l’URSS dans 10 circonscriptions territoriales et 42 circonscriptions territoriales nationales. Les notes du Conseil du Seimas du Sąjūdis du 13 décembre, conservées dans les archives personnelles de O. Volungevičiūtė, indiquent qu’un groupe électoral du LPS est constitué : Egidijus Bičkauskas, Andrius Kubilius, Mečys Laurinkus, Tautvydas Lideikis, Angonita Rupšytė. E. Bičkauskas et M. Laurinkus ont été proposés comme candidats aux élections des députés du peuple de l’URSS. Conformément à la loi électorale, les candidats étaient proposés par les collectifs de travail. La loi prévoyait également des réunions de circonscriptions qui devaient décider de l’inscription des candidats proposés[115]. Compte tenu de la protestation du Sąjūdis concernant les réunions de circonscriptions, elles n’ont eu lieu que dans deux circonscriptions. L’organisation et la coordination de la campagne électorale du Sąjūdis ont été discutées lors de réunions de coordinateurs électoraux, où participaient aussi des membres des conseils des villes et des régions du Sąjūdis.  

Lors de la deuxième session du Seimas du Sąjūdis, il a décidé que le Sąjūdis proposerait ses candidats pour 5 sièges vacants du Soviet Suprême de la RSS de Lituanie. Les procès-verbaux du Conseil du Seimas du LPS[116] ont noté qu’il a été décidé de proposer les membres du Seimas du Sąjūdis : V. Landsbergis (Vievis, région de Trakai), Z. Vaišvila et V. Petkevičius (circonscription Žemaitė, Šiauliai), K. Motieka (circonscription Viduklė, Raseiniai). Cela est montré par les procès-verbaux des collectifs de travail qui ont proposé Vytautas Landsbergis comme candidat aux élections du Soviet Suprême de la RSS de Lituanie[117]. Les candidats soutenus par le Sąjūdis étaient en compétition avec des candidats du PCL. Le Sąjūdis a gagné dans deux circonscriptions : Z. Vaišvila a été élu avec 75 % des voix et K. Motieka avec 82 % des voix[118]. V. Landsbergis a obtenu à Vievis 47 % des voix. Conformément à la loi électorale, pour être élu député, un candidat devait obtenir 50 % des voix de tous les électeurs inscrits. Un document « Ekspress Informacija » est conservé dans les archives personnelles de J. Janonis, sur les résultats des élections au Conseil Suprême de la RSS de Lituanie dans la circonscription électorale de Vievis n° 318, où le nombre de voix obtenues par les candidats est indiqué[119] 

Pendant la période de la Renaissance, on a commencé à rétablir et créer des partis politiques et des organisations civiles. Le Parti des démocrates de Lituanie (LDP) a été rétabli le 5 février. Les photos de J. Česnavičius montrent l’emblème du LDP, des participants[120] et des orateurs. Le LDP et la LLL ont organisé le 10 février un meeting condamnant les protocoles secrets du Pacte Molotov-Ribbentrop. Le meeting exigeait que Moscou reconnaisse l’indépendance des pays baltes. Le LDP a organisé les 29 et 30 juillet un congrès constituant, où ont été approuvés le programme et les statuts, le Conseil du LDP a été élu, une déclaration du LDP a été publiée sur l’indépendance de la Lituanie et le processus de rétablissement d’un État indépendant, une résolution sur « l’importance de la politique de non reconnaissance ». Le Parti des verts a été créé le 15 juillet à Kaunas. Lors de la conférence de rétablissement du Parti des sociaux-démocrates de Lituanie (LSDP) le 12 août, il a été déclaré que le LSDP soutenait totalement et soutiendra l’action du Sąjūdis et se prononçait pour une consolidation des forces politiques démocratiques pour l’indépendance de la Lituanie. Les photos de J. Česnavičius montrent les orateurs de la conférence[121]. Réunis le 12 février, les scouts ont rétabli leur organisation. Sur les négatifs de J. Kazlauskas : des scouts, une scène décorée avec un grand drapeau tricolore et l’emblème des scouts, des scouts marchant avec des drapeaux sur la rue Pilies devant la Maison des Signataires[122]. Les organisations suivantes ont été rétablies entre mars et décembre : juristes, géographes, bibliothécaires, cinéastes, ingénieurs, « Ateitis » (association catholique lituanienne), femmes, écrivains, comité national olympique, il y a eu des congrès des pédagogues et des employés de la culture[123]. 

Le 5 février 1989 a eu lieu la cérémonie de restitution de l’archi-cathédrale de Vilnius, à laquelle ont participé 20 000 personnes.  Les négatifs de V. Daraškevičius et J. Kazlauskas montrent une foule devant la cathédrale avec des drapeaux tricolores[124] et des pancartes « Red Army go home », « Nous sommes revenus dans l’Europe »[125], des ecclésiastiques et des fidèles dans la cathédrale.  

Trois membres du groupe « Baltic Intergroup » du Parlement européen sont venus le 6 février à Vilnius et ils ont rencontré des représentants du Sąjūdis, de la LLL, du Parti démocrate, l’évêque Julijonas Steponavičius et des représentants du PCL. La délégation a reçu une déclaration de 24 membres du Seimas du LPS, où était défini l’objectif principal du Sąjūdis : l’indépendance de la Lituanie. Les négatifs de J. Kazlauskas montrent les membres du Seimas du Sąjūdis qui ont participé à la rencontre, Algis Klimaitis[126], un photographe. Les notes des réunions du Seimas du Sąjūdis du 3 janvier, conservées dans les archives personnelles de O. Volungevičiūtė, indiquent que le Conseil du Seimas du Sąjūdis a mandaté pour un an le Secrétaire général du « Baltic Intergroup » du Parlement européen A. Klimaitis à représenter le LPS au Parlement européen. 

Lors de la troisième session du Seimas du LPS du 15 février, a été adoptée une déclaration du Seimas du LPS, dans laquelle le Sąjūdis exprimait la détermination du peuple à rétablir de manière pacifique ses droits, il était souligné le droit des peuples à l’autodétermination et l’aspiration à une indépendance juridique, politique, économique et culturelle de la Lituanie et à une souveraineté nationale (copie du document des archives personnelles de O. Volungevičiūtė). Cette déclaration a été le premier document officiel du Sąjūdis qui se prononçait ouvertement pour l’indépendance de la Lituanie[127]. La session a été retransmise à la télévision. Une photo de A. Sabaliauskas a immortalisé les participants de la session au Théâtre musical de Kaunas, un grand drapeau tricolore sur la scène, une grande affiche avec la vue du monument « Liberté » à Kaunas[128], le président du Conseil du Seimas du Sąjūdis V. Landsbergis.

Pour la première fois pendant l’occupation soviétique, le 16 Février a été publiquement célébré dans toute la Lituanie. Une plaque commémorative avec l’inscription « Le 16 février 1918 dans cette maison a été proclamé l’Acte de rétablissement d’un État lituanien indépendant » a été dévoilée sur la Maison des Signataires à Vilnius. Le négatif et les photos de J. Česnavičius et R. Grigas montrent V. Landsbergis-Žemkalnis[129], V. Landsbergis, des personnes rassemblées avec des drapeaux tricolores[130]. À Kaunas, dans le jardin du Musée de la Guerre, a été solennellement inauguré le monument reconstruit de Juozas Zikaras « Liberté ». Les négatifs A. Juozapaitis et A. Sabaliauskas montrent une foule de milliers de personnes[131], les membres du Conseil du Seimas du Sąjūdis, des ecclésiastiques, le cardinal V. Sladkevičius, des représentants du PCL, des jeunes entourant le monument « Liberté » avec des rubans nationaux[132], des drapeaux tricolores, des photographes, des caméramans, des orateurs. Sur les photos de A. Pečiukaitis, on voit les membres du Sąjūdis de la région de Jurbarkas hisser des drapeaux tricolores à l’occasion du 16 Février sur le tertre de château de Palemonas[133]. La photo de P. Uleckas montre la commémoration du 16 février dans l’entreprise « Fasa »[134], à laquelle participe V. Landsbergis Žemkalnis. 

Les commémorations du 16 février et le soutien croissant de la société au Sąjūdis préoccupaient le pouvoir soviétique. Les participants au XVIIe plénum du CCPCL du 21 février se sont prononcé pour une restriction de l’activité du Sąjūdis, le renforcement du PCL et la censure de la presse du Sąjūdis. Le 22 février « Atgimimo banga » a été interdite et les affiches des candidats aux élections des députés du peuple de l’URSS, soutenus par le Sąjūdis, n’étaient pas imprimées.  

Les 25 et 26 février 1989 a eu leur le congrès du Mouvement des agriculteurs lituaniens, auquel ont participé des représentants de l’Union des agriculteurs de Lituanie, du Sąjūdis et du PCL. Un programme et 23 résolutions ont été adoptés, 800 délégués ont élu le conseil et le Præsidium du Mouvement des agriculteurs. On s’est adressé aux autorités pour la reprise de la diffusion de « Atgimimo banga » et la restriction de la presse du Sąjūdis. Bien que des représentants des autorités aient été invités au congrès, ils n’étaient pas présents. Les négatifs de J. Kazlauskas montrent les participants rassemblés dans la salle du Palais de la culture des syndicats, une scène ornée de l’inscription « Congrès du Mouvement des agriculteurs de Lituanie »[135], les orateurs.

Le 2 mars, les représentants des groupes de soutien du Sąjūdis des entreprises industrielles de Vilnius ont créé l’association de travail du Sąjūdis « Labora » qui s’est déclarée faisant partie du Sąjūdis et réalisant le programme du Sąjūdis. Une liste des assistants du membre-coordinateur du conseil de l’association de travail du Sąjūdis « Labora » des entreprises industrielles de Vilnius G. Jurčiukonis est conservée dans les archives personnelles de Gediminas Jurčiukonis, ainsi que la déclaration de « Labora » sur la souveraineté de la Lituanie, où l’association exprime son approbation de la déclaration du Seimas du Sąjūdis du 15 février 1989, « Labora » se prononce pour la création du conseil de coordination des forces politiques aspirant à l’indépendance de la Lituanie. Dans les archives personnelles de J. Janonis sont conservés une déclaration de l’Union des ouvriers de Vilnius se prononçant pour l’unité du peuple ainsi que des documents sur les objectifs et l’activité de l’Union[136] 

Après l’interdiction de « Atgimimo banga », le Sąjūdis a organisé le 8 mars un meeting préélectoral au parc Kalnų, auquel ont participé les candidats soutenus par le Sąjūdis aux élections des députés du peuple de l’URSS. Les négatifs et les diapositives en couleurs de V. Daraškevičius et B. Kašelionis montrent les représentants du Sąjūdis, des milliers de personne [137] avec des drapeaux tricolores et des pancartes[138] 

« Sąjūdžio žinios » a publié le 7 mars la liste des candidats soutenus par le Sąjūdis aux élections des députés du peuple de l’URSS. La campagne électorale s’est aussi déroulé activement dans les régions : des voitures décorées d’emblèmes du Sąjūdis se rendaient aux réunions avec les habitants, des stands étaient installés à côté des sièges du Sąjūdis, des informations étaient distribuées sur les candidats soutenus par le Sąjūdis. Le slogan électoral du Sąjūdis était « Pour le Sąjūdis, pour la Lituanie »[139]. Dans les archives personnelles de O. Volungevičiūtė sont conservés les résumés des procès-verbaux des réunions du Seimas du LPS[140], où sont notées les questions examinées sur la proposition des candidats, la spécificité des circonscriptions électorales et l’organisation de la campagne électorale. Dans certaines circonscriptions, où la majorité des habitants n’étaient pas lituaniens, la campagne électorale des candidats du Sąjūdis se passait difficilement. Dans les archives personnelles de J. Janonis sont conservés les documents électoraux du candidat aux élections des députés du peuple de l’URSS dans la circonscription électorale n° 686 Virgilijus Čepaitis et du candidat aux élections des députés du peuple de l’URSS dans la circonscription électorale n° 251 Julius Juzeliūnas : flyers, la lettre du député du peuple de l’URSS J. Juzeliūnas au président du Comité exécutif de la ville de Vievis et au président du Comité exécutif de l’arrondissement de Vievis concernant le nombre et les listes des électeurs de la ville et de l’arrondissement de Vievis ; les résultats consolidés des élections des députés du peuple de l’URSS dans la région de Trakai[141], une affiche « Électeurs soyez vigilants »[142], où est représenté un électeur avec un foulard rouge, en haut un drapeau tricolore et en bas un drapeau soviétique. Les négatifs de V. Mozūraitis montrent la campagne électorale des candidats du Sąjūdis aux élections des députés du peuple de l’URSS A. Buračas et R. Gudaitis à Kapsukas (auj. Marijampolė), les orateurs A. Buračas, S. Geda et R. Gudaitis[143], les représentants du Sąjūdis de Marijampolė, la campagne électorale de S. Geda et A. Buračas dans la région de Lazdijai[144].  

Ce n’est qu’avant les élections des députés du peuple de l’URSS que le Sąjūdis a été reconnu juridiquement le 16 mars 1989. Des journalistes de l’étranger ont observé ces élections. 31 candidats soutenus par le Sąjūdis sur 39) ont été élu au premier tour le 26 mars aux élections des députés du peuple de l’URRS. Après le plénum noir du PCL en février, les candidats du Sąjūdis contre A. M. Brazauskas et V. Beriozovas ont retiré leurs candidatures. Les membres du Conseil du Seimas du Sąjūdis ont organisé le 5 avril une « Vague de la Renaissance » vivante à l’extérieur devant le bâtiment de la télévision. Les gens ont été incités à voter pour les candidats du Sąjūdis. Au deuxième tour (9 avril), sur huit candidats soutenus par le Sąjūdis, cinq ont gagné 5. En tout, le Sąjūdis a remporté 36 sièges (sur 39), environ 60 % des électeurs qui ont participé et 49 % du total des électeurs ont voté pour eux. Les résultats des élections ont été discutés à la quatrième session du Seimas du LPS le 1er avril. Une résolution a été adoptée sur un projet de Constitution de la RSS de Lituanie, ainsi qu’une déclaration sur l’autonomie économique des républiques de l’Union.  

La première réunion des représentants du Sąjūdis B. Genzelis, V. Landsbergis, R. Ozolas et K. D. Prunskienė avec le président du Præsidium du Soviet Suprême d’URSS Anatoli Loukianov a eu lieu le 6 avril 1989 au Kremlin. Dans les archives personnelles de O. Volungevičiūtė sont conservées les notes sur les questions examinées lors des réunions du Conseil du Seimas du LPS sur le nouveau statut politique de la Lituanie dans l’URSS, la réorganisation du PCL, le service militaire des jeunes dans leur pays et le rapatriement des restes des déportés. 

Des représentants du LSDP, du LKDP et du Sąjūdis ont participé au meeting « Constitution et démocratie », organisé le 16 avril par le LDP. Les diapositives de J. Česnavičius et B. Kašelionis montrent les participants au meeting avec les pancartes « Le Sąjūdis avec le système multipartis vers la liberté des peuples », « Un système démocratique pluraliste pour la Lituanie »[145], « Liquider le Pacte germano-soviétique », « Géorgie, la Lituanie soutient votre lutte pour l’indépendance », les orateurs, les caméramans[146]. 

Lors de la quatrième session du Seimas du LPS (23 avril), la situation politique de la Lituanie a été évaluée, on a discuté des projets sur la Constitution de la RSS de Lituanie, les lois relatives au référendum, à la citoyenneté et aux élections, et le statut du Seimas, une décision a été adoptée sur la modification des articles de la Constitution de la RSS de Lituanie ainsi que des résolutions[147]. En réaction aux répressions des structures soviétiques contre les manifestants pacifiques le 9 avril 1989 à Tbilissi, Le LDP a organisé le 23 avril une procession de deuil sur l’avenue Gedimino. Les photos et les négatifs de V. Daraškevičius et J. Česnavičius montrent les participants à la procession devant la Bibliothèque nationale M. Mažvydas, la procession sur l’avenue Gedimino, les représentants du LDP tenant des bougies allumées[148], les pancartes « Armée Rouge – génocide des peuples », « Notre ennemi c’est l’Empire russe », des drapeaux tricolores avec des rubans noirs, une croix portée à l’avant, des caméramans, des fleurs déposées près du mur de la Cathédrale, les pancartes « Nous sommes endeuillés avec toi, Géorgie », « Quand tu souffres, j’ai mal », des gens allumant des bougies[149].  

Le programme général du Sąjūdis a aussi été soutenu par l’Union des ouvriers de Lituanie créée le 29 avril (la réunion constituante a eu lieu à Klaipėda). Dans les archives personnelles de J. Janonis sont conservés les statuts de l’Union des ouvriers de Klaipėda[150], où sont définis les objectifs, l’adhésion, la structure organisationnelle, le soutien financier et la situation juridique de l’organisation. Le Congrès constituant de l’Union s’est tenu le 1er juillet 1989, où il a été décidé que le LDS agira contre le monopole en politique, en économie et dans la sphère sociale, il cherchera à avoir ses représentants dans les organes de pouvoir et de gouvernance d’État à tous les niveaux. L’objectif principal du LDS est l’indépendance de la Lituanie. Les photos de J. Česnavičius montrent les participants au congrès qui votent en levant les bulletins[151]. 

Les monuments historiques, détruits pendant l’époque soviétique, ont été reconstruits dans toute la Lituanie pendant la période du Sąjūdis, le 7 mai 1989 a été reconstruit le monument « À la Mère Lituanie » consacré à l’indépendance rétablie de la Lituanie. Les négatifs de V. Mozūraitis montrent ce monument avec une gravure et l’inscription « À la Mère Lituanie », des fragments du monument détruit posés à côté[152] 

En commémoration du vol de S. Darius et S. Girėnas au-dessus de l’Atlantique, trois yachts lituaniens « Audrė », « Dailė » et « Lietuva » sont partis du port de Klaipėda le 13 mai 1989. Les négatifs de Ričardas Grigas montrent les équipages des yachts passant sous le pont levé, les personnes les saluant[153] 

Les représentas du Sąjūdis et des Fronts populaires d’Estonie et de Lettonie se sont réunis à l’Assemblée balte les 13 et 14 mai 1989 à Tallinn. Des représentants des mouvements en Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Géorgie et Ukraine ainsi que des représentants des mouvements informels de Russie ont été invités. Les participants ont écouté le mot de félicitations enregistré du dernier ministre des Affaires étrangères de la République de Lituanie J. Urbšys[154] (enregistrement sonore). À l’Assemblée, on a discuté de l’autonomie économique, de l’aspiration à la souveraineté des États baltes, on a honoré la mémoire de Romas Kalanta, et des documents ont été adoptés : la Déclaration des droits des peuples baltes qui soulignait l’aspiration des peuples à retrouver leur souveraineté nationale, la Résolution sur les crimes du stalinisme qui demandait au Soviet Suprême de l’URSS de reconnaître la politique stalinienne et le système de terreur d’État contre les pays baltes comme crime contre l’humanité, la déclaration de l’autonomie économique de l’Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie, un appel au Congrès des députés du peuple d’URSS concernant la menace d’un guerre de l’État contre son peuple, l’Appel aux forces démocratiques de l’Union soviétique, des lettres au président du Soviet Suprême d’URSS et au Procureur général d’URSS au sujet des membres arrêtés du Comité du Karabach d’Arménie, l’Appel aux responsables des États participants à la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe, au Secrétaire général des Nations Unies et au président du Præsidium du Soviet Suprême de l’URSS. Pour la première l’aspiration des peuples baltes à retrouver leur indépendance a été mentionnée ouvertement[155]. Les présidents des mouvements Edgar Savisaar, Dainis Īvāns et V. Landsbergis ont signé un accord sur des objectifs communs et des intentions de coopération, le Conseil balte a été créé. 

Lors de la session du Soviet Suprême de la RSS de Lituanie, les amendements de la Constitutions de la RSS de Lituanie ont été adoptés le 18 mai, garantissant la souveraineté, le droit à un territoire lituanien et la suprématie des lois de la République. Le meeting du Sąjūdis du 20 mai (départ des députés du peuple d’URSS) a exigé de défendre les décisions du 18 mai du Soviet Suprême de la RSS de Lituanie, les amendements constitutionnels et la déclaration de souveraineté[156]. Les députés ont été chargés d’exiger que le Congrès des députés du peuples d’URSS déclare illégaux et nuls les protocoles secrets du Pacte Molotov-Ribbentrop[157]. Les négatifs de V. Daraškevičius montrent une foule de milliers de personnes dans le parc Kalnų avec des drapeaux nationaux tricolores[158], et les orateurs.  

2 250 députés, dont 58 de Lituanie, ont participé au Congrès des députés du peuple d’URSS qui a commencé le 25 mai 1989. Le Congrès a constitué un parlement permanent de deux chambres : le Soviet de l’Union (270 députés) et le Soviet des Nationalités (271 députés). Les députés de Lituanie Vaidotas Antanaitis, A. M. Brazauskas, A. Buračas et K. D. Prunskienė ont été élus au Soviet de l’Union. Egidijus Bičkauskas, B. Genzelis, Sigitas Kudarauskas, Jūratė Kupliauskienė, Nikolajus Medvedevas, Kazimieras Motieka, Juozas Olekas, Kazimieras Uoka, E. Vilkas et K. Zaleckas ont été élus au Soviet des Nationalités[159]. Les membres de la délégation lituanienne (à l’exception d’Ivanas Tichonovičius et d’Anicetą Brodavskis représentant les forces prosoviétiques) ont agi de façon unie. Les députés des pays baltes ont soulevé au Congrès la question de l’annulation du Pacte Molotov-Ribbentrop, et exprimé une protestation contre les massacres de Tbilissi et l’institution du Comité de surveillance constitutionnelle de l’URSS qui avait le droit d’annuler les lois adoptées dans les républiques[160]. Malgré la résistance de nombreux participants au Congrès, une commission de députés a été constituée « pour une évaluation politique et juridique du traité de non-agression de 139 entre l’Union soviétique et l’Allemagne » (président A. Yakovlev). 

Environ 70 000 personnes ont participé le 11 juin au meeting et rencontre avec les députés du peuple de l’URSS. Les négatifs de V. Daraškevičius et A. Sabaliauskas montrent une foule de milliers de personnes avec des drapeaux tricolores [161] et les pancartes « Arrêter l’exécution du Pacte germano-soviétique, retirer l’armée d’occupation de la Lituanie, indemniser les pertes subies pendant l’occupation »[162], les membres du Seimas du Sąjūdis, des représentants du PCL. 

Le Sąjūdis a décidé de commémorer dans toute la Lituanie les déportations de masse, et, par le décret du 9 juin 1989, le Præsidium du Soviet Suprême de la RSS de Lituanie a déclaré le 14 juin Journée du deuil et de l’espoir. La Chapelle des déportés a été consacrée dans la cathédrale de Vilnius et le monument reconstruit des « Trois Croix » a été inauguré. Les négatifs et la photo de J. Česnavičius et K. Svėris montrent des jeunes en costume national devant le monument reconstruit[163], des gens entourant le monument avec des rubans d’herbes et de fleurs, un drapeau tricolore avec un ruban noir,[164] des gens déposant des fleurs, des bougies, le cardinal V. Sladkevičius avec d’autres ecclésiastiques. En 1941, les gens étaient déportés dans des wagons à bestiaux de la gare de Naujoji Vilnia vers les camps du GOULAG. Les négatifs de V. Daraškevičius et K. Svėris montrent des gens déposant des fleurs et des bougies sur les rails à Naujoji Vilnia[165], des gens devant le monument « Aux déportés de la Lituanie 1940-1953 »[166]. Sur les négatifs de V. Daraškevičius, on voit des gens rassemblés à Kaunas avec des drapeaux tricolores avec un ruban noir, des bougies, des fleurs[167]. Sur les négatifs de V. Mozūraitis et R. Rusteika, on voit la commémoration du 14 juin à Marijampolė, les participants à la commémoration, les membres du Conseil du Seimas du Sąjūdis, les membres du Sąjūdis de Marijampolė, des drapeaux tricolores avec des rubans de deuil[168]. Les photos de A. Pečiukaitis montrent les membres du Sąjūdis de la région de Jurbarkas le 14 juin sur le tertre de château de Palemonas hissant le drapeau tricolore avec un ruban noir[169]. La photo de V. Rimavičius montre le drapeau tricolore hissé devant la chapelle de Giedraičiai, les participants du Sąjūdis de la région de Molėtais tenant des pancartes : « Gloire aux déportés morts au nom de la Patrie Lituanie », « La Lituanie doit être libre, « Lietuvių tautininkų sąjunga » (« Union des nationalistes lituaniens ») »[170].  

À la cinquième session du Seimas du LPS le 18 juin, on a évalué l’activité des députés du peuple d’URSS soutenus par le Sąjūdis lors du Congrès, les orientations du programme du Sąjūdis sur la question nationale ont été abordées, le statut du Seimas du Sąjūdis a été examiné et les commissions du Seimas confirmées[171]. Lors de la session, une déclaration a été adoptée sur le processus de rétablissement de l’État lituanien, où il est affirmé que « pour supprimer les conséquences de l’occupation et de l’annexion, il est nécessaire de déclarer les élections du Seimas populaire de 1940 comme illégales et ses décisions nulles ; préparer une loi sur les conditions agrées pour la présence temporaire de l’armée de l’URSS sur le territoire lituanien ; commencer les négociations avec l’URSS sur le retrait progressif de son armée de la Lituanie[172] 

À l’initiative du groupe du Sąjūdis de Saločiai et avec le soutien des membres du Front populaire de Lettonie et du Sąjūdis de Panevėžys[173], le 18 juin a été reconstruit le monument de l’Indépendance, consacrés aux volontaires de 1918-1919 morts pour l’indépendance, qui avait été détruit à Saločiai à l’époque soviétique. Les négatifs de K. Svėrys immortalisent la cérémonie d’inauguration du monument, un obélisque en béton armé sur un socle en granit avec l’inscription « Aux morts dans les luttes pour la liberté de la Lituanie », les orateurs, le prêtre consacrant le monument, des drapeaux tricolores. 

Le Sąjūdis a initié des expéditions lituaniennes en Sibérie, le rapatriement des restes des déportés dans la Patrie. Le 9 juillet 1989, est partie pour Tiksi l’expédition « Lena 89 », dont les participants ont construit quatre monuments dans les lieux de déportation, de souffrances et de mort des Lituaniens à l’embouchure de la Lena et sur la côte de la mer de Laptev, sur les presqu’îles de Tyt Ary, Bykov Mys et Muostakh, et à Trofimovsk[174], et ils ont arrangé les tombes des déportés lituaniens qui commençaient à disparaître. Les négatifs et les photos d’Eugenijus Ignatavičius et J. Kazlauskas montrent les participants de l’expédition dans le cimetière des déportés de Bykov avec un drapeau tricolore devant un poteau-chapelle[175], le prêtre consacrant le monument à Tyt Ary, des femmes en costume national, des personnes nettoyant les tombes des déportés et posant des croix, les restes des déportés ramenés par avion à l’aéroport de Kėdainiai[176]. Les diapositives, conservées dans les archives personnelles de Virgilijus Rimavičius, montrent l’expédition des volontaires de la région de Molėtai en juillet-août dans le camp de Revoutchiy, où ils ont été nettoyé les tombes des déportés et construit un monument aux déportés. Les restes de 120 déportés ont été rapatriés d’Igarka le 28 juillet à l’aéroport militaire de Kėdainiai. Les négatifs de J. Kazlauskas montrent les restes rapatriés des déportés, recouverts d’un drapeau tricolore, à la sortie de la cathédrale, une foule de milliers de personne sur la place de la Cathédrale, des bus avec les restes des déportés, un cortège dans la rue Pilies, des gens portant des bougies allumées, des ecclésiastiques, le caméraman, des photographes[177].  

En commémoration de l’anniversaire du traité du 12 juillet 1920 entre la Lituanie et la Russie des Soviets, l’Union de l’indépendance de la Lituanie a organisé le 12 juillet 1989 un meeting dans le parc Kalnų. Lors de ce meeting, les orateurs ont souligné que le traité n’a pas été dénoncé, il est donc valable, un appel a été adopté pour les députés du peuple de l’URSS de Lituanie, un mandat a été donné au Comité suprême pour la libération de la Lituanie. Dans les archives personnelles de J. Česnavičius est conservée l’annonce de la commémoration[178], où est mentionnée la violation du traité de 1920 et on informe sur le défilé du parc Kalnų à la statue de Lénine. Lors de la réunion consultative des partis et des organisations politiques de Lituanie en juillet, il a été décidé d’organiser une collecte de signatures pour liquider les conséquences du Pacte Molotov-Ribbentrop[179]. 

Du 14 au 23 juillet 1989, ont eu lieu à Vilnius, Kaunas et Trakai les événements des journées de la jeunesse des Lituaniens du monde, organisées par le club « Lituanica », où a été adoptée la déclaration que « le peuple lituanien est un et indivisible ». La photo de J. Česnavičius montre un orateur de l’événement, un emblème dans la salle avec l’inscription Journée de la jeunesse des Lituaniens du monde « Lituanica », avec des colonnes de Gediminas[180] 

Le Sąjūdis a appelé à commémorer les dates historiques importantes pour l’État lituanien. Le 12 août 1989, dans le domaine d’Užulėnis, région d’Ukmergė, le 115e anniversaire de la naissance du Président lituanien Antanas Smetona a été commémoré. Les négatifs de K. Svėrys montre la pierre commémorative avec l’inscription « Lieu de naissance du Président lituanien Antanas Smetona[181], des gens avec des drapeaux tricolores devant le domaine d’Užulėnis, le joueur de « kanklės » Antanas Bujokas, le prêtre consacrant la pierre commémorative.  

Le Conseil balte (commission tripartite des Front populaires d’Estonie et de Lettonie et du Sąjūdis) a adopté le 15 juillet 1989 en Estonie une décision pour faire une « Chaîne humaine » de Tallinn à Vilnius et l’appeler « Voie balte vers la liberté et l’indépendance »[182]. Heinz Valk (représentant du Front populaire d’Estonie), Arnolds Klotiņš (représentant du Front populaire de Lettonie) et V. J. Čepaitis (représentant du Sąjūdis) ont été nommés responsables de cet événement. L’action de la « Voie balte » a été présentée aux Lituaniens le 19 juillet 1989 lors de l’émission « Atgimimo banga ». Le Conseil du Seimas du Sąjūdis a approuvé le 25 juillet 1989 l’action de la « Voie balte » et il a créé un groupe de travail. Lors d’une réunion extraordinaire du Conseil balte en Lettonie le 12 août 1989, on a abordé les préparatifs de l’action, on a échangé des avis sur la stratégie électorale et examiné le projet de loi sur la citoyenneté. Dans l’enregistrement sonore de la réunion du 12 août des coordinateurs du LPS, conservé dans les archives personnelles de A. Rupšytė, on entend les débats sur les questions organisationnelles de la « Voie balte » : installation de poteaux-chapelles toutes les 50 sections, organisation de meetings, régulation des flux de personnes sur les différentes sections et décision de chanter le « Chant national » de V. Kudirka. La presse officielle n’a presque pas informé le public de l’action de la « Voie balte ». Le Conseil du Seimas du Sąjūdis a une nouvelle fois appelé le 16 août 1989 dans l’émission « Atgimimo banga » les habitants de la Lituanie à participer activement. À l’approche du 50e anniversaire du Pacte Molotov-Ribbentrop, des meetings ont eu lieu à Vilnius et dans d’autres villes. Le 20 août 1989, l’Union pour l’indépendance de la Lituanie a organisé un meeting sur la place de la Cathédrale. Lors du meeting, organisé le 22 août 1989 par le Sąjūdis dans le parc Kalnų, on a exigé la dénonciation du Pacte Molotov-Ribbentrop et le rétablissement de l’indépendance de la Lituanie. La commission du Soviet Suprême de la RSS de Lituanie a publié ses conclusions sur les accords entre l’Allemagne nazie et l’URSS en 1939-1941 et la liquidation de leurs conséquences, et elle a reconnu que l’entrée de l’armée soviétique en Lituanie en 1940 était une occupation[183]. Lors de sixième session du Seimas du LPS le 23 août, une déclaration a été adoptée sur le Pacte Molotov-Ribbentrop, et on s’est une nouvelle fois prononcé pour l’indépendance de la Lituanie. Les diapositives de V. Daraškevičius, A. Sabaliauskas et K. Svėrys montrent une affiche de l’Union pour l’indépendance de la Lituanie appelant à participer au meeting[184] dans le parc Kalnų, des jeunes avec des drapeaux tricolores avec des rubans noirs, les pancartes « Liquider les conséquences du Pacte germano-soviétique, retirer l’armée d’occupation et les colons de l’URSS, indemniser les pertes subies pendant l’occupation », « L’URSS doit exécuter le traité de paix de 1920 avec la Lituanie ! », « Soldatesque d’occupation, hors de Lituanie ! »[185], une grande caricature de Staline et Hitler sur la place cde la Cathédrale avec l’inscription en rouge « Red Army go home »[186], « La voie des peuples baltes c’est une guerre mondiale contre la chimère des agresseurs, c’est le Golgotha de l’après-guerre pour l’Indépendance », la caricature de Staline et Hitler qui brûle ; le meeting dans le parc Kalnų, les orateurs membres du Conseil du Seimas du Sąjūdis. Les diapositives de J. Česnavičius montrent des participants à la résistance non armée au meeting, la pancarte « Liquider le Pacte germano-soviétique »[187], des caméramans. Les négatifs de V. Venslovaitis montrent les pancartes du meeting à Kudirkos Naumiestis : « Liquider les conséquences du Pacte germano-soviétique, le Pacte Ribbentrop-Molotov de 1939 a légitimé l’occupation russe en Estonie, en Lettonie et en Lituanie »[188], un drapeau tricolore avec un ruban noir, les participants au meeting. 

Le 23 août 1989, de la tour du château de Gediminas à Vilnius à la tour à Tallinn, en passant par la Lettonie, s’est étirée une chaîne humaine de 650 km. Les participants ont pris place sur une section qui leur avait été désignée à l’avance. Environ 2 millions d’Estoniens, de Lettons et de Lituaniens (environ un million) ont participé à la « Voie balte ». Les membres du Conseil du Seimas du Sąjūdis, les députés du peuple de l’URSS, des membres du Sąjūdis des régions, la jeunesse estudiantine et des représentants de diverses organisations ont participé à l’action. Les « brassards verts » maintenaient l’ordre. La « Voie balte » a montré la capacité des trois peuples baltes à se rassembler pour un objectif commun : le rétablissement d’États indépendants ; cette action a aussi montré la bonne organisation du Sąjūdis et des Fronts populaires d’Estonie et de Lettonie et a donné l’occasion d’annoncer au monde libre la détermination des trois peuples baltes d’obtenir leur indépendance[189]. Lors de l’action, des signatures ont été collectées pour le retrait de l’armée d’occupation, en un peu plus d’un mois 1,6 millions de signatures ont été collectées[190]. Sur l’affiche imprimée par les organisateurs de la « Voie balte » sont indiquées les villes entre Vilnius et Tallinn que la « Voie balte » traversaient, et des gens se tenant par la main sont représentés[191]. Les photos et les négatifs de J. Česnavičius, V. Daraškevičius, A. Sabaliauskas et A. Pečiukaitis montrent l’action sur la route d’Ukmergė (près de Šeškinė)[192], les voitures stationnées au bord de la route et sur l’herbe[193], les participants en famille se tiennent par la main et sont debout sur plusieurs files[194], des poteaux-chapelles érigées et consacrées[195], on voit les voitures roulant avec des drapeaux tricolores avec des rubans noirs, le flux de voitures roulant dans une seule direction, des bougies allumées le soir, des gens devant un poteau-chapelle érigé, un avion lançant des fleurs[196], des représentants du Sąjūdis de Seredžius[197] 

Lors de la sixième session du Seimas du LPS le 26 août 1989, a été débattu le projet de loi sur la citoyenneté, les élections au Soviet Suprême de la RSS de Lituanie et dans les soviets locaux, un appel a été adopté à la session du Soviet Suprême de la RSS de Lituanie sur « la défense juridique des citoyens de la RSS de Lituanie, la presse de l’organisation des déportés, la réhabilitation des déportés et la suppression des privilèges ». Après la « Voie balte », le CCPCUS a adopté une résolution sur les relations nationales dans les Républiques baltes. Le Conseil du Seimas du Sąjūdis a fait une déclaration le 29 août 1989 que les problèmes politiques des relations entre l’Union soviétique et la Lituanie devaient être réglés par voie de dialogue juridique.  

Lors de la septième session extraordinaire du Seimas du LPS le 5 septembre 1989, la situation politique en Lituanie a été évaluée, on a exigé la convocation au plus vite d’une session du Soviet Suprême de la RSS de Lituanie que les autorités avaient illégalement reportée de deux mois. Un appel au peuple lituanien a été adopté, où il était déclaré que toute sorte d’obstacles pouvaient être faits aux aspirations d’indépendance.  

Lors de la réunion de l’Assemblée consultative des partis et organisations politiques de la Lituanie le 21 septembre 1989, il a été décidé d’abolir le monopole du PCL et il a été proposé au Soviet Suprême de la RSS de Lituanie d’enregistrer tous les partis politiques.  

Lors de douzième session du Soviet Suprême de la RSS de Lituanie, qui a eu lieu les 22 et 23 et les 28 et 29 septembre 1989, on a examiné les projets des lois sur l’élection des députés du peuple locaux et des députés des Soviets de la RSS de Lituanie, la citoyenneté et le référendum, on a débattu sur le projet de la loi d’URSS sur « l’autonomie économique de la Lituanie, de la Lettonie et de l’Estonie », il a été décidé qu’à partir de 1990 les jeunes hommes de Lituanie effectueraient leur service militaire sur le territoire de la RSS de Lituanie ou dans la région militaire des pays baltes. Le Mouvement civique des femmes a protesté le 28 octobre 1989 contre la convocation illégale des jeunes hommes lituaniens dans l’armée soviétique. Ce sont surtout les mères des soldats tués ou gravement blessés dans l’armée d’occupation qui ont participé à la grève de la faim organisée. Les négatifs de K. Svėrys ont immortalisé les participants à la protestation marchant sur la rue Pilies, l’avenue Gedimino, les pancartes « Servir dans l’armée d’occupation c’est amoral », « Non à l’armée soviétique », « Lituanien, tu dois savoir ! l’art. 51, paragraphe 3, de la Convention de Genève de 1949 interdit au Gouvernement de l’URSS de mobiliser les Lituaniens dans l’armée soviétique »[198], « Rendons les documents militaires aux occupants ». 

Lors de la huitième session du Seimas du LPS le 24 octobre 1989, on a discuté des amendements des lois de la RSS de Lituanie sur la citoyenneté et le référendum concernant la définition de la notion de citoyens de la RSS de Lituanie, la procédure de délivrance du passeport de citoyen de la RSS de Lituanie, les devoirs des citoyens de la RSS de Lituanie et le texte de serment du citoyen[199]. Lors de la session du Soviet Suprême de la RSS de Lituanie les 3 et 4 novembre 1989, les lois de la RSS de Lituanie sur la citoyenneté et le référendum ont été adoptées, accordant la citoyenneté de la RSS de Lituanie à tous les habitants de la république. Lors de la neuvième session du Seimas du LPS le 12 novembre 1989, on a abordé les questions des élections au Soviet Suprême de la RSS de Lituanie et des Soviets locaux, le service militaire des jeunes Lituaniens dans l’armée soviétique, la presse du Sąjūdis et le statut du Seimas du Sąjūdis. Le statut du Seimas du Sąjūdis a été adopté. 

À l’occasion du 50e anniversaire de la restitution de Vilnius et sa région, une commémoration a eu lieu le 25 octobre 1989 non loin de Maišiagala, près de l’ancienne ligne de démarcation. Les négatifs du K. Svėrys montrent les participants à la commémoration, un drapeau tricolore, la pancarte « Pour la restitution de la région de Vilnius nous planterons un bosquet, nous décorerons joliment la chère Patrie Lituanie », une pierre commémorative a été dévoilée avec les colonnes de Gediminas et l’inscription : « 50 ans de la restitution de la région de Vilnius 1939-1989 »[200], le joueur de « kanklės » Antanas Bujokas, les participants plantant des chênes, le prêtre consacrant la pierre commémorative. 

Lors du défilé militaire des forces prosoviétiques et de l’armée de l’URSS pour commémorer le 72e anniversaire de la Révolution d’Octobre (7 novembre), les membres de la LLL, du Comité « Genève-49 » et d’autres organisations radicales ont bloqué la route aux véhicules militaires qui allaient sur l’avenue Gedimino. Les diapositives de B. Kašelionis montrent le défilé organisé par les forces prosoviétiques sur l’avenue Gedimino, avec les inscriptions en rouge et blanc : « Vienybė Edistvo Jedosnosc »[201]. 

Les députés du peuple de l’URSS de Lituanie, Lettonie et Estonie ont constitué le 30 septembre 1989 un groupe parlementaire balte avec l’objectif de coordonner des actions unies par la voie parlementaire vers l’indépendance des pays baltes. À l’approche du deuxième Congrès des députés du peuple de l’URSS, à la réunion du Conseil balte le 11 novembre 1989 en Lettonie, il a été décidé de recommander au groupe parlementaire balte de ne pas voter lors de l’adoption par le Soviet Suprême d’URSS de lois relatives à la souveraineté des républiques ; préparer la politique des mouvement des fronts populaires à l’égard des forces militaires soviétiques et proposer la constitution auprès des républiques de commissions pour préparer des lois sur le statut juridique de la présence de l’armée soviétique dans les trois Républiques baltes. Avant le deuxième Congrès du peuple de l’URSS, la commission des députés « pour une évaluation politique et juridique du traité de non-agression de 1939 entre l’Union soviétique et l’Allemagne » a analysé et pris une décision sur le Pacte Molotov-Ribbentrop et ses protocoles secrets, les motifs de sa signature par J. Staline. Sur l’enregistrement sonore de la réunion de cette commission le 4 novembre 1989[202], on entend clairement en russe parler des circonstances de la conclusion du Pacte Molotov-Ribbentrop, et le partage en sphères s’influence entre l’URSS et l’Allemagne nazie. Lors du deuxième Congrès des députés du peuple de l’URSS le 24 décembre 1989, une décision a été adoptée « pour une évaluation politique et juridique du traité de non-agression de 1939 entre l’Union soviétique et l’Allemagne », il a été reconnu qu’il existait des protocoles secrets qui étaient contraires à la souveraineté et l’indépendance de pays tiers. Le Congrès a condamné ces protocoles et reconnu « les protocoles secrets comme nuls et non avenus à compter du moment de leur signature ». 

Lors de la session du Seimas du Sąjūdis le 6 janvier 1990 a eu lieu une discussion sur les membres du Sąjūdis appartenant au PCL, le Seimas du Sąjūdis a adopté une décision sur « L’attitude envers l’actuel PCL », il a été décidé d’organiser à l’occasion de la venue de M. Gorbatchev une manifestation pacifique qui montrerait au monde la détermination du peuple lituanien à rechercher la liberté et l’indépendance, une résolution a été adoptée sur cette question. Le Conseil du Seimas du Sąjūdis a organisé le 10 janvier 1990 un rassemblement du peuple lituanien « Liberté et indépendance pour la Lituanie ! ». Les négatifs de V. Daraškevičius montrent le meeting, la pancarte « Liberté pour la Lituanie », « 12 07 1920 »[203]. Lors de la visite de M. Gorbatchev en Lituanie du 11 au 14 janvier 1990, les gens ont exprimé la volonté d’obtenir l’indépendance. 

En automne 1989 ont eu lieu « des conférences électorales du Sąjūdis et des réunions des représentants, où ont été proposés des candidats pour le Soviet Suprême de la RSS de Lituanie, des gens locaux ont été proposés dans de nombreuses régions »[204]. Cela est aussi montré par l’enregistrement sonore de la conférence électorale des groupes de soutien du LPS de Kretinga[205], où sont examinés la proposition et le soutien des candidats au Soviet Suprême de la RSS de Lituanie dans les circonscriptions électorales n° 73 et n° 74. Le groupe électoral du Sąjūdis a préparé et publié le matériel électoral. La situation politique en Lituanie a changé après la séparation du PCL du PCUS en décembre 1989. La plateforme électorale de « Atgimimas » Sąjūdis, publiée dans le journal « Atgimimas » en 1990, a déclaré que le Sąjūdis cherchera à rétablir un État indépendant. Lors de la conférence électorale du Sąjūdis « Voie de Lituanie » le 3 février 1990 ont été présentés 148 candidats soutenus par le Sąjūdis, et le programme électoral du Sąjūdis a été approuvé. Il prévoyait que les candidats aux élections, soutenus par le Sąjūdis, après avoir reçu le mandat du peuple, chercheraient à rétablir un État lituanien indépendant et démocratique[206]. Les négatifs de V. Venslovaitis montrent la scène de la « Voie de Lituanie » : un grand emblème, les colonnes blanches de Gediminas, le logo de Sąjūdis et l’inscription : « Avec le Sąjūdis pour la Lituanie ! », le vote des participants à la conférence, des caméramans[207]. 

Les partis politiques créés ou rétablis (LDP, LSDP, Parti des verts, KDP) ont déclaré qu’ils ne proposeraient pas séparément leurs candidats et rechercheront le soutien du Sąjūdis[208]. Il y a eu 475 candidats pour les 141 sièges du Soviet Suprême. Le Sąjūdis soutenait 146 candidats qui ont fait leur campagne électorale dans l’émission « Atgimimo banga », en se déplaçant à des réunions dans les régions et en distribuant des flyers et des affiches[209], où étaient représentés le candidat soutenu par le Sąjūdis au Soviet suprême de la RSS de Lituanie, le slogan électoral, l’emblème du Sąjūdis et les colonnes de Gediminas.  

Le 24 février 1990, 72 candidats (sur 90) soutenus par le Sąjūdis ont gagné au premier tour des élections au Soviet Suprême de la RSS de Lituanie. Lors de la consultation le 28 février 1990 des députés soutenus par le Sąjūdis et élus au premier tour, un appel au Præsidium du Soviet Suprême de la RSS de Lituanie a été adopté pour avancer le deuxième tour des élections et convoquer une session du Soviet Suprême le 11 mars 1990, car le 12 mars devaient se tenir le Congrès des députés du peuple de l’URSS et les élections du Président de l’URSS. Au second tour des élections (4, 7, 8 et 10 mars), 30 députés soutenus par le Sąjūdis ont encore été élus. Après la victoire électorale du Sąjūdis, on a cherché à réaliser le principal objectif du Sąjūdis : rétablir un État lituanien. Sur les enregistrements sonores, conservés dans les archives personnelles de A. Rupšytė, on entend que, lors des consultations des députés du Sąjūdis, une commission a été constituée pour préparer le plan de rétablissement de l’indépendance de la Lituanie, des projets de documents étaient discutés ainsi que la future tactique pour l’action du Soviet Suprême, le maintien de l’ordre et la défense du pays. Le 8 mars, lors de la treizième session du Seimas du Sąjūdis, on a discuté de la stratégie et de la tactique pour le rétablissement de l’indépendance[210]. 

Le 11 mars 1990 a été adopté l’Acte « pour le rétablissement de l’État indépendant de Lituanie », 124 députés ont voté pour et six se sont abstenus.  

 

[1] B. Genzelis, Sąjūdis: priešistorė ir istorija, Vilnius, 1999, p. 12.
 
[2] Nuotrauka „Piketas dėl namo Tilto g. Nr. 6“, 1986, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[3] Negatyvai „Piketas dėl namo Tilto g. Nr. 6“, 1986, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[4] Č. Laurinavičius, V. Sirutavičius, Sąjūdis: nuo „Persitvarkymo“ iki Kovo 11-osios, XII t., I dalis, Vilnius: Baltos lankos, 2008, p. 57.
 
[5] Negatyvai „Talkos“ klubo inicijuotas Vilniaus Žemutinės pilies tvarkymas“, 1988, iš A. Sabaliausko asmeninio archyvo.
 
[6] Č. Laurinavičius, V. Sirutavičius, Sąjūdis: nuo „Persitvarkymo“ iki Kovo 11-osios, XII t., I dalis, Vilnius: Baltos lankos, 2008, p. 46.
 
[7] S. Lapienis, Z. Vaišvila, Atviras laiškas „Vakarinių naujienų“ redakcijai ir korespondentei I. Tiškutei“, Sąjūdžio žinios, 1988 06 19, nr. 2, p. 1.
 
[8] Negatyvai „Renginys-diskusija „Ar įveiksime biurokratiją?“, 1988 06 02, Vilnius, iš A. Sabaliausko asmeninio archyvo.
 
[9] Nuotrauka „ Renginys-diskusija „Ar įveiksime biurokratiją?“, 1988 06 02, Vilnius, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[10] Negatyvai  „Renginys-diskusija „Ar įveiksime biurokratiją?“, 1988 06 02, Vilnius, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[11] Garso įrašas „Renginys-diskusija „Ar įveiksime biurokratiją?“, 1988 06 02, Vilnius, iš A. Rupšytės asmeninio archyvo.
 
[12] Garso įrašas „Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Iniciatyvinės grupės išrinkimas“, 1988 06 03, Vilnius, iš A. Rupšytės asmeninio archyvo.
 
[13] Išrinkta į Sąjūdžio Iniciatyvinę grupę istorikė Ingė Lukšaitė atsistatydino iš Sąjūdžio Iniciatyvinės grupės motyvuodama tuo, kad užtenka iš šeimos vieno nario.
 
[14] 1988 m. birželio 19 d. Sąjūdžio Iniciatyvinės grupės susutikimas su visuomene, aprašytas leidinyje „Sąjūdžio žinios“. J. Malinauskas, A. Medalinskas, Sąjūdžio žinios, 1988 06 19, nr. 1, p. 1.
 
[15] Nuotraukos „Buvęs partizanas Leonas Laurinskas (Liūtas) viešai iškėlė trispalvę Gedimino aikštėje“, 1988 06 14, Vilnius, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[16] B. Balikienė, Reportažas iš Vingio parko, „Pergalė!“, Sąjūdžio žinios, 1988 07 16, nr. 9, p. 1. 
 
[17] A. Skučas, Sąjūdžio mitingas – delegatų į TSKP XIX partinę konferenciją palydėtuvės Vilniaus Gedimino aikštėje, garso įrašas, kompaktinė plokštelė: Sąjūdžio priešistorė ir gimimas: gyvosios atminties archyvas (sud. A. Ramonaitė, J. Kavaliauskaitė), VU TSMI, 2012.
 
[18] V. Čepaitis, Su Sąjūdžiu už Lietuvą nuo 1988 06 03–1990 03 11, Tvermė, 2007, p. 37. 
 
[19] V. Landsbergio žodis Lietuvai, Vilnius, Gedimino aikštė, 1988 m. birželio 24, Sąjūdžio žinios, 1988 07 03, p. 2–3.
 
[20] Č. Laurinavičius, V. Sirutavičius, Sąjūdis: nuo „Persitvarkymo“ iki Kovo 11-osios, XII t., I dalis, Vilnius: Baltos lankos, 2008, p. 99.
 
[21] Nuotraukos „Delegatų palydos į SSKP XIX partinę konferenciją Gedimino aikštėje“, 1988 06 24, Vilnius, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[22] Nuotraukos „Mitinge prie naujienų agentūros „Elta“ protestuota prieš iškreiptus įvykių pranešimus ir reikalauta spaudos laisvės“, 1988 06 29, Vilnius, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[23] B. Balikienė, Reportažas iš Vingio parko, Pergalė!, Sąjūdžio žinios, 1988 07 16, nr. 9, p. 1.
 
[24] R. Ozolas, Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio įsikūrimas: Kelias į Nepriklausomybę: Lietuvos Sąjūdis 1988–1991, sud. B. Genzelis ir A. Rupšytė, Kaunas, 2010, p. 33.
 
[25] Č. Laurinavičius, V. Sirutavičius, Sąjūdis: nuo „Persitvarkymo“ iki Kovo 11-osios, XII t., I dalis, Vilnius: Baltos lankos, 2008, p 101.
 
[26] M. Tarmakas, Lietuviška esto kalba, Sąjūdžio žinios, 1988 07 16, nr. 9, p. 2.
 
[27] Sigito Gedos žodis Lietuvai, Vilnius, Vingio parkas, 1988 m. liepos 9 diena, Sąjūdžio žinios, 1988 07 19, nr. 10, p. 2.
 
[28] Nuotraukos „SSKP XIX partinės konferencijos delegatų sutikimas Vingio parke“, 1988 07 09, Vilnius, iš A. Sabaliausko asmeninio archyvo.
 
[29] Negatyvai SSKP XIX partinės konferencijos delegatų sutikimas Vingio parke, 1988 07 09, Vilnius, iš A. Sabaliausko asmeninio archyvo.
 
[30] A. Rupšytė, Sąjūdžio ryšiai: tarp centro ir periferijos (1988 m. birželis – 1990 m. vasaris): Sąjūdis Lietuvos periferijoje (1988–1993), sud. M. Tamošaitis, L. Truska, Vilnius, 2009, p. 75.
 
[31] Vilniaus Koordinacinė Taryba, Sąjūdžio žinios,1988 07 07, nr. 7, p. 4. 
 
[32] Pirmoji Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Vilniaus Taryba ir aktyvas, Sąjūdžio žinios, 1988 09 26, nr. 40, p. 1.
 
[33] V. Čepaitis, Su Sąjūdžiu už Lietuvą nuo 1988 06 03–1990 03 11, Tvermė, 2007, p. 60.
 
[34] Negatyvai „Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio pirmasis mitingas Kapsuke (dab. Marijampolėje)“, 1988 07 13, iš V. Mozūraičio asmeninio archyvo. 
 
[35] Nuotraukos „Pirmasis Marijampolės (buv. Kapsuko) Sąjūdžio mitingas“, 1988 07 13, iš P. Ulecko asmeninio archyvo.
 
[36] Negatyvai „Pirmasis Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Marijampolės mitingas“, 1988 07 13, iš R. Rusteikos asmeninio archyvo.
 
[37] Nuotrauka „Parašų rinkimo akcija dėl Marijampolės vardo grąžinimo pirmajame Marijampolės (buv. Kapsuko) Sąjūdžio mitinge“, iš P. Ulecko asmeninio archyvo.
 
[38] V. Čepaitis, Su Sąjūdžiu už Lietuvą nuo 1988 06 03–1990 03 11, Tvermė, 2007, p. 61.
[39] Nuotrauka „Kauno „Atgajos“ klubo suorganizuotas ekologinis protesto žygis“, 1988 07 26, iš V. Valiušaičio asmeninio archyvo.
 
[40] J. Ivanauskaitė, Mūsų dvasios žygis. Roko maršas Vilniuje, Sąjūdžio žinios, 1988 08 18, nr. 24, p. 2–3.
 
[41] Nuotrauka „Roko maršo koncertas”, 1988 08 07, Vilnius, iš A. Sabaliausko asmeninio archyvo. 
 
[42] A. Rupšytė, Sąjūdžio ryšiai: tarp centro ir periferijos (1988 m. birželis – 1990 m. vasaris: Sąjūdis Lietuvos periferijoje (1988–1993 m.), sud. M. Tamošaitis, L. Truska, Vilnius, 2009, p. 75.
 
[43] Č. Laurinavičius, V. Sirutavičius, Sąjūdis: nuo „Persitvarkymo“ iki Kovo 11-osios, XII t., I dalis, Vilnius: Baltos lankos, 2008, p. 106. 
 
[44] LPS Iniciatyvinės grupės pavedimu Gintaras Songaila, iš laiško „Vakarinės naujienos“, Sąjūdžio žinios, 1988 07 16, nr. 9, p. 4.
 
[45] A. Rupšytė, Sąjūdžio ryšiai: tarp centro ir periferijos (1988 m. birželis – 1990 m. vasaris): Sąjūdis Lietuvos periferijoje (1988–1993 m.), sud. M. Tamošaitis, L. Truska, Vilnius, 2009, p. 75.
 
[46] Nuotrauka „Pirmasis Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio mitingas Lazdijų rajone, Veisiejų parke“, 1988 09 25, iš J. Ražukienės asmeninio archyvo.
 
[47] Pozityvas „Veisiejų Sąjūdžio rėmimo grupės organizuotas mitingas“, 1988 08, iš B. Kašelionio asmeninio archyvo.
 
[48] Garso kasetė „Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Lazdijų rajono Veisiejų mitingas“, 1988 09 25, iš B. Kašelionio asmeninio archyvo. 
 
[49] Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Molėtų rajono iniciatyvinės grupės kvietimas į mitingą, Molėtai, 1988 10 02, iš A. Pranckėnienės asmeninio archyvo.
 
[50] Vaizdo medžiaga apie Molėtų rajono Sąjūdžio pirmąjį mitingą, 1988 10 02, Molėtai, iš A. Pranckėnienės asmeninio archyvo. 
 
[51] Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Jurbarko rajono rėmimo grupių veiklos protokolas, 1988 10 26, iš A. Pečiukaičio asmeninio archyvo.
 
[52] A. Rupšytė, Kelias į Nepriklausomybę: Lietuvos Sąjūdis 1988–1991, sud. B. Genzelis ir A. Rupšytė, Kaunas, 2010, p. 329. 
 
[53] Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Kapsuko (dab. Marijampolės) MPAGS rėmimo grupės veiklos dokumentai, 1988,  iš P. Ulecko asmeninio archyvo. 
 
[54] Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Kapsuko (dab. Marijampolės) rėmimo grupės inicijuota akcija dėl Marijampolės vardo grąžinimo, 1988, iš P. Ulecko asmeninio archyvo.
 
[55] Dokumentai apie Vasario 16-osios minėjimą Kapsuke (dab.Marijampolėje), 1989 02 16, iš P. Ulecko asmeninio archyvo.
 
[56] Kandidatų sąrašas į Kapsuko (dab. Marijampolės) miesto ir rajono Sąjūdžio seimelį, 1989, iš P. Ulecko asmeninio archyvo.
 
[57] Pozityvai „Neginkluotojo pasipriešinimo dalyvio Petro Cidziko ir Algimanto Andreikos bado streikas dėl lietuvių politinių kalinių išlaisvinimo“, 1988 08, iš B. Kašelionio asmeninio archyvo. 
 
[58] Nuotrauka „Bado akcija dėl politinių kalinių išlaisvinimo“, 1988 08, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[59] Nuotraukos „Mitingas dėl politinių kalinių išlaisvinimo“, 1988 08, Vilnius, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[60] R. Ozolas, Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio įsikūrimas, Kelias į Nepriklausomybę: Lietuvos Sąjūdis 1988–1991, sud. B. Genzelis ir A. Rupšytė, Kaunas, 2010, p. 36.
 
[61] Garso kasetė, Mokslų akademijoje susirinkimas, Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Iniciatyvinės grupės rinkimas. LTV reportažas, televizijos įrašas apie Molotovo–Ribentropo pakto metinės bei hitlerizmo ir stalinizmo aukų atminimo pagerbimą, 1988 06 03–1988 08 23, iš A. Rupšytės asmeninio archyvo.
 
[62] Č. Laurinavičius, V. Sirutavičius, Sąjūdis: nuo „Persitvarkymo“ iki Kovo 11-osios, XIIt., I dalis, Baltos lankos, 2008, p. 132–133.
 
[63] Negatyvai Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio mitingas Molotovo–Ribentropo pakto metinėms paminėti, 1988 08 23, Vilnius, iš V. Daraškevičiaus asmeninio archyvo. 
 
[64] Pozityvai Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio mitingas Molotovo–Ribentropo paktui metinėms paminėti, 1988 08 23, Vilnius, iš B. Kašelionio asmeninio archyvo.
 
[65] Negatyvai Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio mitingas Molotovo–Ribentropo paktui metinėms paminėti, 1988 08 23, Vilnius, iš A. Juozapaičio asmeninio archyvo.
 
[66] V. Čepaitis, Su Sąjūdžiu už Lietuvą nuo 1988 06 03–1990 03 11, Tvermė, 2007, p. 89.
 
[67] Negatyvai Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio organizuota ekologinė akcija „Apkabinkime Baltiją“, 1988 09 03, iš V. Daraškevičiaus asmeninio archyvo.
 
[68] J. Ivanauskaitė, „Švari gamta – stipri tauta“, Sąjūdžio žinios, 1988 09 08, nr. 35, p. 1.
 
[69] V. Čepaitis, Su Sąjūdžiu už Lietuvą nuo 1988 06 03–1990 03 11, Tvermė, 2007, p. 90.
 
[70] Lietuvos gyventojų parašai dėl Ignalinos atominės elektrinės trečiojo bloko statybos sustabdymo, 1988, iš O. Volungevičiūtės asmeninio archyvo.
 
[71] Pozityvai Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio organizuota protesto akcija „Gyvybės žiedas“, 1988 09 16–18, iš V. Lapašausko asmeninio archyvo.
 
[72] Negatyvai Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio organizuota protesto akcija „Gyvybės žiedas“, 1988 09 16–18, iš A. Sabaliausko asmeninio archyvo. 
 
[73] Nuotrauka Sovietų kariškiai apsupę Gedimino aikštę, Vilnius, 1988 09 28, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[74] Nuotrauka Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio ir Lietuvos laisvės lygos surengtas bendras mitingas-protesto akcija prieš milicijos žiaurumą Gedimino aikštėje, 1988 09 29, Vilnius, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[75] Audronė Paškūnienė, prieš TV poziciją, Atgimimas, 1988 10 10, nr. 2, p. 5.
 
[76] Negatyvai Gedimino pilies bokšte iškilmingai iškelta Lietuvos trispalvė, Vilnius, 1988 10 07, iš V. Daraškevičiaus asmeninio archyvo.
 
[77] Pozityvai Gedimino pilies bokšte iškilmingai iškelta Lietuvos trispalvė, Vilnius, 1988 10 07, iš B. Kašelionio asmeninio archyvo.
 
[78] V. Čepaitis, Su Sąjūdžiu už Lietuvą nuo 1988 06 03–1990 03 11, Tvermė, 2007, p. 116.
 
[79] Balsavimo rezultatų suvestinė dėl Panevėžio rajono delegatų siuntimo į LPS Steigiamąjį suvažiavimą iš N. Simėnienės asmeninio archyvo.
 
[80] Negatyvai Kapsuko (dab. Marijampolės) Sąjūdžio delegatų palydos į Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Steigiamąjį suvažiavimą, 1988 10 21, iš V. Mozūraičio asmeninio archyvo. 
 
[81] V. Čepaitis, Su Sąjūdžiu už Lietuvą nuo 1988 06 03–1990 03 11, Tvermė, 2007, p. 139.
 
[82] Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Steigiamasis suvažiavimas, Vilnius, 1990, p. 187.
 
[83] Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Steigiamasis suvažiavimas, Vilnius, 1990, p. 187.
 
[84] Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Steigiamojo suvažiavimo spaudos centro veiklos dokumentai, Vilnius, 1988 10 22–23, iš A. Užos asmeninio archyvo.
 
[85] V. Čepaitis, Su Sąjūdžiu už Lietuvą nuo 1988 06 03–1990 03 11, Tvermė, 2007, p. 142.
 
[86] Nuotraukos Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Steigiamojo suvažiavimo spaudos konferencija, Vilnius, 1988 10 22–23, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[87] Pozityvai Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Steigiamasis suvažiavimas, Vilnius, 1988 10 22–23, iš B. Kašelionio asmeninio archyvo.
 
[88] Nuotraukos Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Steigiamasis suvažiavimas, Vilnius, 1988 10 22, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[89]Negatyvai, Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Steigiamasis suvažiavimas, 1988 10 22, Vilnius, iš J. Kazlausko asmeninio archyvo.
 
[90] Negatyvai Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Steigiamasis suvažiavimas, 1988 10 22–23, iš A. Sabaliausko asmeninio archyvo.
 
[91] Nuotraukos Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Steigiamasis suvažiavimas, 1988 10 22–23, iš V. Valiušaičio asmeninio archyvo.
 
[92] Negatyvai Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Steigiamasis suvažiavimas, 1988 10 22–23, iš V. Daraškevičiaus asmeninio archyvo.
 
[93] Rytis Bulota, Sąjūdžio Steigiamasis suvažiavimas ir jo įtaka Sąjūdžio evoliucijai, Sąjūdis ir dabartis, Vilnius, 2004, p. 12.
 
[94] V. Čepaitis, Sąjūdžio politinės akcijos, Kelias į Nepriklausomybę: Lietuvos Sąjūdis 1988–1991, sud. B. Genzelis ir A. Rupšytė, Kaunas, 2010, p. 78.
 
[95] V. Čepaitis, Su Sąjūdžiu už Lietuvą nuo 1988 06 03–1990 03 11, Tvermė, 2007, p. 150.
 
[96] Negatyvai Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Seimo I sesija Mokslų akademijoje, 1988 11 13, Vilnius, iš J. Kazlausko asmeninio archyvo.
 
[97] Plakatas dėl parašų rinkimo akcijos prieš SSRS Konstitucijos pataisas, 1988 11, iš A. Rupšytės asmeninio archyvo.
 
[98] Negatyvai Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio inicijuota parašų rinkimo akcija prieš SSRS Konstitucijos pataisas, 1988 11, iš J. Kazlausko asmeninio archyvo.
 
[99] A. Rupšytė, mašinraštis: Sąjūdžio struktūra ryšiai ir veiksmai, p. 7, straipsnis iš A. Rupšytės asmeninio archyvo.
 
[100] V. Čepaitis, Sąjūdžio politinės akcijos, Kelias į Nepriklausomybę: Lietuvos Sąjūdis 1988–1991, sud. B. Genzelis ir A. Rupšytė, Kaunas, 2010, p. 79.
 
[101] V. Čepaitis, Su Sąjūdžiu už Lietuvą nuo 1988 06 03–1990 03 11, Tvermė, 2007, p. 156–157.
 
[102] Negayvai Prosovietinių jėgų mitingas prieš valstybinę lietuvių kalbą, 1989 02 12, Vilnius, iš J. Kazlausko asmenini archyvo.
 
[103] A. Rupšytė, Politinių įvykių chronologija 1988–1991, Kelias į Nepriklausomybę: Lietuvos Sąjūdis 1988–1991, sud. B. Genzelis ir A. Rupšytė, Kaunas, 2010, p. 264.
 
[104] Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Seimo Tarybos išplėstinio posėdžio medžiaga, 1988 11 20, iš O. Volungevičiūtės asmeninio archyvo.
 
[105] Negatyvai Mitingas prie LTSR dėl valstybinės kalbos, 1988 11 17, iš J. Kazlausko asmeninio archyvo.
 
[106] Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Seimo Tarybos išplėstinio posėdžio medžiaga, 1988 11 20, iš O. Volungevičiūtės asmeninio archyvo.
 
[107] V. Čepaitis, Su Sąjūdžiu už Lietuvą nuo 1988 06 03–1990 03 11, Tvermė, 2007, p. 179.
 
[108] Negatyvai SSRS deputatų palydos į SSRS AT sesiją, 1988 11 26, Vilnius, iš V. Daraškevičiaus asmeninio archyvo.
 
[109] Antroji LPS Seimo sesija, Atgimimas, 1988 12 12, nr. 10, p. 4.
 
[110] Negatyvai Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Seimo II sesija Mokslų akademijoje, 1988 12 04, Vilnius, iš J. Kazlausko asmeninio archyvo.
 
[111] LPS Seimo Tarybos posėdžių dienotvarkės, 1988–1989, iš O. Volungevičiūtės asmeninio archyvo.
 
[112] LPS Seimo Tarybos posėdžių protokolai, 1988 12 07–1988 12 27, iš O. Volungevičiūtės asmeninio archyvo.
 
[113] Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Vievio paukštyno rėmimo grupės finansinis dokumentas, 1988 12 09, Vievis, iš J. Janonio asmeninio archyvo.
 
[114] Negatyvai Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio akcija „Žvakutės languose“, 1988 12 24, iš V. Daraškevičiaus asmeninio archyvo. 
 
[115] Č. Laurinavičius, V. Sirutavičius, Sąjūdis: nuo „Persitvarkymo“ iki Kovo 11-osios, XII t., I dalis, Baltos lankos, 2008, p. 213.
 
[116] Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Seimo Tarybos posėdžių protokolai, 1988 12 06–27, iš O. Volungevičiūtės asmeninio archyvo.
 
[117] Vievio paukštyno darbo kolektyvų, iškėlusių Vytauto Landsbergio kandidatūrą rinkimuose į LTSR AT Vievio rinkiminėje apygardoje Nr. 318, protokolai, 1988 11 29–1988 11 30, iš J. Janonio asmeninio archyvo.
 
[118] Angonita Rupšytė Politinių įvykių chronologija 1988–1991, Kelias į Nepriklausomybę: Lietuvos Sąjūdis 1988–1991, sud. B. Genzelis ir A. Rupšytė, Kaunas, 2010, p. 254.
 
[119] Rinkimų į laisvas LTSR AT vietas Vievio rinkiminėje apygardoje Nr. 318 rezultatai, 1989, iš J. Janonio asmeninio archyvo. 
 
[120] Nuotraukos Lietuvos Demokratų partijos suvažiavimas, 1989 02 05,Vilnius, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[121] Nuotraukos Lietuvos socialdemokratų partijos atkuriamoji konferencija, 1989 08 12, Vilnius, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[122] Negatyvai Pirmasis po sovietinės okupacijos Lietuvos skautų susirinkimas, 1989 02 12, Vilnius, iš J. Kazlausko asmeninio archyvo.
 
[123] Užrašai apie Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Seimo Tarybos posėdžiuose svarstomą medžiagą, 1988–1989, O. Volungevičiūtės asmeninis archyvas.
 
[124] Negatyvai Vilniaus Arkikatedros atgavimo šventinimo iškilmės, 1989 02 05, Vilnius, iš J. Kazlausko asmeninio archyvo.
 
[125] Pozityvai Vilniaus arkikatedros atgavimo šventinimo iškilmės, 1989 02 05, Vilnius, iš V. Daraškevičiaus asmeninio archyvo.
 
[126] Negatyvai Europos parlamento „Baltic Intergroup“ narių susitikimas su Sąjūdžio, Laisvės lygos, Demokratų partijos atstovais, 1989 02 06, Vilnius, iš J. Kazlausko asmeninio archyvo.
 
[127] V. Čepaitis, Su Sąjūdžiu už Lietuvą nuo 1988 06 03–1990 03 11, Tvermė, 2007, p. 206.
 
[128] Nuotrauka Iškilminga Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Seimo sesija, 1989 02 15, Vilnius iš A. Sabaliausko asmeninio archyvo.
 
[129] Negatyvas Memorialinės lentos atidengimas prie Signatarų namų, 1989 02 16, iš R. Grigo asmeninio archyvo.
 
[130] Nuotraukos Vasario 16-osios minėjimas prie Signatarų namų, 1989 02 16, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[131] Negatyvai „Laisvės“ paminklo atstatymo ir šventinimo iškilmės Kaune, 1989 02 16, iš A. Juozapaičio asmeninio archyvo.
 
[132] Negatyvai „Laisvės“ paminklo atstatymo iškilmės, 1989 02 16, Kaunas, iš A. Sabaliausko asmeninio archyvo.
 
[133] Nuotraukos Vasario 16–osios minėjimas Jurbarko rajone, 1989 02 16, iš A. Pečiukaičio asmeninio archyvo.
 
[134] Nuotraukos Vasario 16-osios minėjimas Marijampolės įmonėje „Fasa“, iš P. Ulecko asmenini archyvo.
 
[135] Negatyvai Lietuvos žemdirbių sąjūdžio suvažiavimas 1989 02 25–26, Vilnius, iš J. Kazlausko asmeninio archyvo.
 
[136] Vilniaus darbininkų sąjungos veiklos dokumentai, 1988–1989, iš J. Janonio asmeninio archyvo. 
 
[137] Pozityvai Priešrinkiminis Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio mitingas–susitikimas Kalnų parke, 1989 03 08, Vilnius, iš B. Kašelionio asmeninio archyvo.
 
[138] Negatyvai Priešrinkiminis Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio mitingas–susitikimas Kalnų parke, 1989 03 08, Vilnius, iš V. Daraškevičiaus asmeninio archyvo.
 
[139] V. Čepaitis, Su Sąjūdžiu už Lietuvą nuo 1988 06 03–1990 03 11, Tvermė, 2007, p. 226.
 
[140] Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Seimo Tarybos posėdžių protokolai, 1989 01 03–1989 04 11, iš O. Volungevičiūtės asmeninio archyvo.
 
[141] Kandidato į TSRS liaudies deputatus rinkiminėje apygardoje Nr.686 Virgilijaus Čepaičio ir kandidato į TSRS liaudies deputatus rinkiminėje apygardoje Nr. 251 Juliaus Juzeliūno agitaciniai dokumentai, 1989 03 26 iš J. Janonio asmeninio archyvo.
 
[142] Plakatas dėl rinkimų į SSRS liaudies deputatus, 1989, iš A. Rupšytės asmeninio archyvo.
 
[143] Negatyvai Rinkimai į TSRS liaudies deputatus Kapsuke (dab. Marijampolėje) ir Kalvarijoje, 1989 03, iš V. Mozūraičio asmeninio archyvo.
 
[144] Nuotrauka Kandidatų į SSRS liaudies deputatus Sigito Gedos ir Antano Buračo rinkiminė agitacija Lazdijų rajone, 1989 03, iš J. Ražukienės asmeninio archyvo.
 
[145] Nuotraukos Lietuvos demokratų partijos organizuotas mitingas „Konstitucija ir demokratija“, 1989 04 16, Vilnius, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[146] Pozityvai Lietuvos demokratų partijos suorganizuotas mitingas „Konstitucija ir demokratija“,1989 04 16, Vilnius, iš B. Kašelionio asmeninio archyvo.
 
[147] A. Rupšytė, Politinių įvykių chronologija 1988–1991, Kelias į Nepriklasomybę: Lietuvos Sąjūdis 1988–1991, sud. B. Genzelis ir A. Rupšytė, Kaunas, 2010, p. 257.
 
[148] Nuotraukos Lietuvos Demokratų partijos suorganizuota gedulo eisena Gedimino prospektu iki Katedros aikštės tragiškiems balandžio 9-osios nakties įvykiams Tbilisyje atminti ir jų aukoms pagerbti, 1989 04 23, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[149] Negatyvai Lietuvos Demokratų partijos suorganizuota gedulo eisena Gedimino prospektu iki Katedros aikštės tragiškiems balandžio 9-osios nakties įvykiams Tbilisyje atminti ir jų aukoms pagerbti, 1989 04 23, iš V. Daraškevičiaus.
 
[150] Klaipėdos darbininkų sąjungos įstatai, iš Juozo Janonio asmeninio archyvo.
 
[151] Nuotraukos Darbininkų sąjungos steigiamasis suvažiavimas, 1989 07 01, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[152] Negatyvai Atstatytas paminklas Lietuvai Motinai, 1989, iš V. Mozūraičio asmeninio archyvo.
 
[153] Negatyvai Trijų jachtų „Lietuva“, „Dailė“, „Audrė“ plaukimas, skirtas Stepono Dariaus ir Stasio Girėno skrydžiui per Atlantą paminėti, 1989 05 13, Klaipėda, iš R. Grigo asmeninio archyvo.
 
[154] V. Čepaitis, Su Sąjūdžiu už Lietuvą nuo 1988 06 03–1990 03 11, Tvermė, 2007, p. 241.
 
[155] V. Čepaitis, Su Sąjūdžiu už Lietuvą nuo 1988 06 03–1990 03 11, Tvermė, 2007, p. 241–242.
 
[156] Č. Laurinavičius, V. Sirutavičius, Sąjūdis: nuo „Persitvarkymo“ iki Kovo 11-osios, XII t., I dalis, Baltos lankos, 2008, p. 267.
 
[157] Č. Laurinavičius, V. Sirutavičius, Sąjūdis: nuo „Persitvarkymo“ iki Kovo 11-osios, XII t., I dalis, Baltos lankos, 2008, p. 268.
 
[158] Negatyvai SSRS liaudies deputatų iš Lietuvos palydos į Maskvą, 1989 05 20, Vilnius, iš V. Daraškevičiaus asmeninio archyvo.
 
[159] A. Rupšytė, Politinių įvykių chronologija 1988–1991, Kelias į Nepriklasomybę: Lietuvos Sąjūdis 1988–1991, sud. B. Genzelis ir A. Rupšytė, Kaunas, 2010, p. 258.
 
[160] V. Čepaitis, Su Sąjūdžiu už Lietuvą nuo 1988 06 03–1990 03 11, Tvermė, 2007, p. 249.
 
[161] Negatyvai SSRS liaudies deputatų iš Lietuvos mitingas–sutikimas Vingio parke, Vilnius, 1989 06 11, iš V. Daraškevičiaus asmeninio archyvo.
 
[162] Negatyvai SSRS liaudies deputatų mitingas–sutikimas Vingio parke, Vilnius, 1989 06 11, iš A. Sabaliausko asmeninio archyvo.
 
[163] Negatyvai Gedulo ir vilties dienos minėjimas, 1989 06 14, Vilnius, iš K. Svėrio asmeninio archyvo.
 
[164] Nuotrauka Atkastas paminklas „Trys kryžiai“, Vilnius, 1989 06, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[165] Negatyvai Gedulo ir vilties dienos minėjimas Naujosios Vilnios geležinkelio stotyje, 1989 06 14, iš V. Daraškevičiaus asmeninio archyvo.
 
[166] Negatyvai Gedulo ir vilties dienos minėjimas Naujosios Vilnios geležinkelio stotyje, 1989 06 14, iš K. Svėrio asmeninio archyvo.
 
[167] Negatyvai Gedulo ir vilties dienos minėjimas, Kaunas, 1989 06 14, iš V. Daraškevičiaus asmeninio archyvo.
 
[168] Negatyvai Gedulo ir vilties dienos minėjimas Marijampolėje, 1989 06 14, iš R. Rusteikos asmeninio archyvo. 
 
[169] Nuotraukos Gedulo ir vilties dienos minėjimas Jurbarko rajone, 1989 06 14, iš A. Pečiukaičio asmeninio archyvo.
 
[170] Nuotrauka Mitingas prie Giedraičių koplyčios minint Gedulo ir vilties dieną, 1989 06 14, iš V. Rimavičiaus asmeninio archyvo.
 
[171] V. Čepaitis, Su Sąjūdžiu už Lietuvą nuo 1988 06 03–1990 03 11, Tvermė, 2007, p. 253.
 
[172] Sąjūdžio Seimo pareiškimas dėl Lietuvos valstybingumo atkūrimo raidos“, Sąjūdžio žinios, 1989 06 30, nr. 86, p. 1.
 
[173] Paminklas nepriklausomybės kovose žuvusiems savanoriams Saločiuose, Pasvalio krašto e. biblioteka, http://www.pasvalia.lt/object.php?id=76&m=16&ms=18, [žiūrėta 2013 01 02].
 
[174] A. Rupšytė, Politinių įvykių chronologija 1988–1991, Kelias į Nepriklausomybę: Lietuvos Sąjūdis 1988–1991, sud. B. Genzelis ir A. Rupšytė, Kaunas, 2010, p. 263.
 
[175] Nuotraukos Lietuvių ekspedicijos dalyvių pastatytas koplytstulpis Bykovo tremtinių kapinėse, 1989 07, iš E. Ignatavičiaus asmeninio archyvo. 
 
[176] Negatyvai Kelionė į Sibirą, 1989 07–1989 08, iš J. Kazlausko asmeninio archyvo. 
 
[177] Negatyvai Pargabentų tremtinių palaikų pagerbimas Vilniuje, 1989 07 29, iš J. Kazlausko asmeninio archyvo.
 
[178] Skelbimas kviečiantis į Lietuvos Nepriklausomybės sąjungos mitingą, skirtą 1920 m. liepos 21 d. sutarčiai tarp Lietuvos ir Sovietų Rusijos paminėti Kalnų parke 1989 07 12, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[179] A. Rupšytė, Politinių įvykių chronologija 1988–1991, Kelias į Nepriklausomybę: Lietuvos Sąjūdis 1988–1991, sud. B. Genzelis ir A. Rupšytė, Kaunas, 2010, p. 263.
 
[180] Nuotrauka Pasaulio lietuvių jaunimo dienų Lituanica renginys, 1989 07, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[181] Negatyvai Lietuvos prezidento Antano Smetonos 115-ųjų gimimo metinių minėjimas Užulėnyje, 1989 08 12, iš K. Svėrio asmeninio archyvo.
 
[182] V. Čepaitis, Sąjūdžio politinės akcijos, Kelias į Nepriklausomybę: Lietuvos Sąjūdis 1988–1991, sud., B. Genzelis ir A. Rupšytė, Kaunas, 2010, p. 88.
 
[183] A. Rupšytė, Politinių įvykių chronologija 1988–1991, Kelias į Nepriklausomybę: Lietuvos Sąjūdis 1988–1991, sud. B. Genzelis ir A. Rupšytė, Kaunas, 2010, p. 264.
 
[184] Negatyvai Mitingas Molotovo–Ribentropo pakto pakui paminėti, Vilnius, 1989 08 22, Vilnius iš K. Svėrio asmeninio archyvo.
 
[185] Nuotrauka Mitingas Molotovo–Ribentropo paktui pasmerkti Kalnų parke, 1989 08 22, Vilnius, iš A. Sabaliausko asmeninio archyvo.
 
[186] Negatyvai Mitingas Molotovo–Ribentropo pakto pakui paminėti, Vilnius, 1989 08 22, Vilnius iš V. Daraškevičiaus asmeninio archyvo.
 
[187] Pozityvai Mitingas pasmerkiantis Molotovo-Ribentropo paktą Kalnų parke, 1989 08 23, Vilnius, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[188] Negatyvai Mitingas skirtas Molotovo–Ribentropo paktui pasmerkti Kudirkos Naumiestyje, 1989 08 23, iš V. Venslovaičio asmeninio archyvo.
 
[189] V. Čepaitis, Su Sąjūdžiu už Lietuvą nuo 1988 06 03–1990 03 11, Tvermė, 2007, p. 302.
 
[190] A. Rupšytė, mašinraštis: Sąjūdžio struktūra: ryšiai ir veiksmai, p. 17, straipsnis iš A. Rupšytės asmeninio archyvo.
 
[191] Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio, Latvijos Liaudies Fronto ir Estijos Liaudies Fronto organizuotos akcijos „Baltijos kelias“, 1988 08 23, iš A. Rupšytės asmeninio archyvo.
 
[192] Nuotrauka Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio, Latvijos Liaudies Fronto ir Estijos Liaudies Fronto organizuotos akcijos „Baltijos kelias“ atkarpa Ukmergės plente, 1989 08 23, iš J. Česnavičiaus asmeninio archyvo.
 
[193] Negatyvai Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio, Latvijos ir Estijos Liaudies Frontų akcija „Baltijos kelias“, 1989 08 23, iš A. Sabaliausko asmeninio archyvo.
 
[194] Negatyvai Molėtiškiai Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio, Latvijos Liaudies Fronto ir Estijos Liaudies Fronto surengtoje akcijoje „Baltijos kelias“, 1989 08 23, iš „UAB Molėtų Vilnis“ archyvo.
 
[195] Nuotrauka Molėtiškiai Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio, Latvijos Liaudies Fronto ir Estijos Liaudies Fronto organizuotoje akcijoje „Baltijos kelias“, 1989 08 23, iš V. Rimavičiaus asmeninio archyvo.
 
[196] Negatyvai Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio organizuota akcija „Baltijos kelias“, 1989 08 23iš V. Daraškevičiaus asmeninio archyvo.
 
[197] Nuotrauka Jurbarko rajono Seredžiaus Sąjūdžio narių dalyvavimas LPS akcijoje „Baltijos kelias“, 1989 08 23, iš A. Pečiukaičio asmeninio archyvo.
 
[198] Negatyvai Protesto eisena prieš karinę tarnybą okupacinėje sovietų armijoje, Vilnius, 1989-11, iš K. Svėrio asmeninio archyvo.
 
[199] Garso kasetės Mg 010921, 1989 10 25 LPS Seimo Darbinė sesija (Buivydas).
 
[200] Negatyvai Paminklinio akmens, skirto Vilniaus krašto atgavimo 50-mečiui atidengimo iškilmės, 1989 10 23, Vilnius, iš K. Svėrio asmeninio archyvo.
 
[201] Pozityvai Prosovietinių jėgų suorganizuota eisena Gedimino prospektu, 1989 11 07, iš B. Kašelionio asmeninio archyvo. 
 
[202] Garso kasetė TSRS liaudies deputatų suvažiavimo sudarytos Molotovo-Ribentropo pakto komisijos posėdis, 1989 12 11, Maskva, iš A. Rupšytės asmeninio archyvo.
 
[203] Negatyvai Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio Seimo Tarybos suorganizuota Lietuvos žmonių sueiga „Laisvę ir Nepriklausomybę Lietuvai!“, 1990 01 10, Vilnius, iš V. Daraškevičiaus asmeninio archyvo.
 
[204] Angonita Rupšytė, mašinraštis: Sąjūdžio struktūra: ryšiai ir veiksmai, p. 17, iš A. Rupšytės asmeninio archyvo.
 
[205] Garso kasetė, Kretingos LPS rėmimo grupių rinkimų konferencija, 1989 11 19, iš A. Rupšytės asmeninio archyvo.
 
[206] Sąjūdžio rinkiminė programa, Atgimimas, 1990 02 02. 
 
[207] Negatyvai Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdžio rinkimų konferenciją „Lietuvos kelias“, Vilnius, 1990 02 03, iš V. Venslovaičio asmeninio archyvo.
 
[208] V. Čepaitis, Su Sąjūdžiu už Lietuvą nuo 1988 06 03–1990 03 11, Tvermė, 2007, p. 405.
 
[209] Rinkimų į LTSR AT Sąjūdžio remiamų kandidatų: Vytenio Povilo Andriukaičio, Vidmanto Žiemelio, Česlovo Stonio, Vytauto Kolesnikovo, Romo Ručinsko, Kazio Jukniaus, Alberto Adašiūno, Juozo Janonio, Jono Šimėno, Jono Šepučio, Viktoro Onačko, Jono Mačio, Felikso Klupšo, Kęstučio Griniaus, Jono Tamulio, Juozo Jakšto, Juozo Skudros, Antano Kudzio, Eduardo Vilko, Kazimiero Antanavičiaus, Birutės Valionytės, Jono Liaučiaus, Vytauto Landsbergio, Aleksandro Klumbio, Stasio Kropo, Rimvydo Raimondo Survilos, Algirdo Abromaičio, Algirdo Endriukaičio, Arvydo Leščinsko, Izidoriaus Šimelionio, Jono Prapiesčio agitaciniai plakatai, 1990 02 24, iš A. Rupšytės asmeninio archyvo.
 
[210] A. Rupšytė, Politinių įvykių chronologija 1988–1991, Kelias į Nepriklausomybę: Lietuvos Sąjūdis 1988–1991, sud. B. Genzelis ir A. Rupšytė, Kaunas, 2010, p. 273.

 

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